Mieux que la récitation de centaines de versets vides de sens et qui ne concernent pas la réalisation du Nibbana, est la récitation d’un seul verset du Dhamma qui apaise celui qui l’entend.
Un homme peut conquérir un million d’hommes au combat, mais celui qui se conquiert lui-même est, en vérité, le plus noble des vainqueurs.
L’histoire de Theri Kundalakesi
Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça les versets 102 et 103, en référence à Theri Kundalakesi.
Kundalakesi était la fille d’un homme riche de Rajagaha. Elle menait une vie très retirée, mais un jour, elle vit par hasard un voleur qu’on conduisait à son exécution et elle tomba immédiatement amoureuse de lui. Ses parents payèrent pour la liberté du voleur et ils se marièrent. Bien qu’elle aimât beaucoup son mari, celui-ci, étant un voleur, n’était attiré que par ses biens et ses bijoux. Un jour, il lui demanda de mettre tous ses bijoux et la conduisit vers une montagne en disant qu’il voulait faire des offrandes à l’esprit gardien de la montagne, car celui-ci lui avait sauvé la vie alors qu’il était sur le point d’être tué. Kundalakesi suivit son mari, mais lorsqu’ils atteignirent leur destination, le voleur révéla qu’il avait l’intention de la tuer et de prendre ses bijoux. Elle le supplia de prendre ses bijoux, mais d’épargner sa vie, mais en vain. Elle réalisa alors que si elle ne se débarrassait pas de son mari, il n’y aurait aucun moyen de s’échapper. Elle sentit qu’elle devait être prudente et rusée. Elle dit donc à son mari que, comme ils ne seraient ensemble que pour quelques instants, elle voulait lui rendre hommage pour la dernière fois. En disant cela, et en faisant le tour de l’homme avec respect, elle le poussa du haut de la falaise, le prenant par surprise.
Après cela, elle n’avait aucune envie de rentrer chez elle. Elle laissa tous ses bijoux suspendus à un arbre et reprit son chemin, sans savoir où elle allait. Elle se trouva par hasard dans un endroit où vivaient des Paribbajikas (femmes ascètes errantes) et elle devint elle-même une Paribbajikas. Elles lui enseignèrent leurs mille problèmes de sophismes ; étant intelligente, elle les maîtrisa tous en peu de temps. Ses maîtres lui dirent alors d’aller dans le monde et, si elle trouvait quelqu’un qui pouvait répondre à toutes ses questions, de devenir son élève. Kundalakesi parcourut toute la région de Jambudipa, défiant ouvertement tous les autres à la rivaliser. C’est pourquoi on la surnomma « Jambukaparibbajika ».
Un jour, elle vint à Savatthi. Avant d’entrer dans la ville pour mendier, elle fit un monticule de sable et y mit une branche d’eugénia, son signe habituel d’invitation à tous les autres à relever son défi. Vénérable Sariputta releva son défi. Kundalakesi lui posa mille questions et Vénérable Sariputta répondit à toutes. Lorsque son tour vint, il lui demanda juste ceci : « Qu’est-ce que un* ? « . Kundalakesi ne put répondre, elle demanda donc à Vénérable Sariputta de lui enseigner la réponse à la question. Vénérable Sariputta répondit qu’elle devait d’abord devenir une bhikkhuni (nonne) ; elle devint donc une bhikkhuni, sous le nom de Theri Kundalakesi. Quelques jours plus tard, elle atteignit l’Éveil.
Peu de temps après, les bhikkhus demandèrent au Bouddha : « Est-il possible que Bhikkhuni Kundalakesi atteigne l’Éveil après avoir écouté le Dhamma si peu ? ». Ils ajoutèrent également que cette femme avait combattu et remporté une victoire sur son mari, qui était un voleur, avant de devenir une paribbajika.
Le Bouddha répondit :
Mieux que la récitation de centaines de versets vides de sens et qui ne concernent pas la réalisation du Nibbana, est la récitation d’un seul verset du Dhamma qui apaise celui qui l’entend.
Un homme peut conquérir un million d’hommes au combat, mais celui qui se conquiert lui-même est, en vérité, le plus noble des vainqueurs.
* Cela fait partie d’une série de questions posées aux novices avant l’ordination mais c’est une formalité et ils apprennent les réponses de 1 à 10 avant la cérémonie.
Quelques réflexions …..
Nous nous sentons souvent fiers parce que nous battons les autres pour toutes sortes de raisons : nous battons quelqu’un dans une dispute ou parce que nous avons obtenu une promotion par rapport à quelqu’un d’autre, nous nous sentons plus beaux ou plus minces ou nous courons plus vite. La liste est infinie mais la véritable conquête est sur nous-mêmes, sur nos états d’esprit malsains, nos tendances à l’égoïsme, à l’étroitesse d’esprit, au manque de moralité, là encore la liste est très longue.
Cette conquête nous apporte un esprit paisible et clair, elle aide également les autres, car nous interagissons pacifiquement avec eux, ils se sentent en sécurité et calmes en notre présence.