Il n’y a pas de feu comme la passion, il n’y a pas d’étreinte comme la haine, il n’y a pas de piège comme la vision erronée, il n’y a pas de courant plus turbulent que l’avidité.
L’histoire de cinq disciples laïcs
Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 251, en référence à cinq disciples laïcs.
Un jour, cinq disciples laïcs étaient présents pendant que le Bouddha exposait le Dhamma au monastère de Jetavana. L’un d’eux dormait assis, le deuxième traçait des lignes avec ses doigts sur le sol, le troisième essayait de secouer un arbre, le quatrième regardait le ciel. Le cinquième était le seul à écouter respectueusement et attentivement le Bouddha. Vénérable Ananda, qui était près du Bouddha en train de l’éventer, observa le comportement différent des cinq disciples et dit au Bouddha : « Vénérable Seigneur ! Pendant que vous exposiez le Dhamma, une seule de ces cinq personnes écoutait attentivement. » Vénérable Ananda décrit au Bouddha le comportement des quatre autres et demanda pourquoi ils se comportaient ainsi.
Le Bouddha expliqué alors : « Ananda, ces personnes n’ont pas pu se débarrasser de leurs vieilles habitudes. Dans leurs existences passées, la première était un serpent ; comme un serpent s’enroule habituellement sur lui-même et s’endort, cet homme s’endort également en écoutant le Dhamma. Celui qui grattait la terre avec sa main était un ver de terre, celui qui secouait l’arbre était un singe, celui qui regardait le ciel était un astronome et celui qui écoutait attentivement le Dhamma était un astrologue savant. Ananda, tu dois te rappeler qu’il faut être attentif pour pouvoir comprendre le Dhamma et qu’il y a beaucoup de gens qui ne peuvent pas suivre ce qui est dit. »
Vénérable Ananda demanda : « Vénérable Seigneur ! Quelles sont les choses qui empêchent les gens d’être capables d’assimiler le Dhamma ? ». Et le Bouddha répondit : « Ananda, la passion (désir des objets des sens – raga), la haine (dosa) et l’ignorance (moha) sont les trois choses qui empêchent les gens d’assimiler le Dhamma. La passion brûle ; il n’y a pas de feu comme la passion. Le monde peut brûler lorsque sept soleils se lèvent dans le ciel, mais cela arrive très rarement. La passion brûle toujours et sans discontinuité ».
Puis le Bouddha dit :
Il n’y a pas de feu comme la passion, il n’y a pas d’étreinte comme la haine, il n’y a pas de piège comme la vision erronée, il n’y a pas de courant plus turbulent que l’avidité.
Quelques réflexions …..
Nous cultivons notre esprit chaque jour, le plus souvent sans nous en rendre compte. Chaque acte, mental, verbal ou physique, renforce les inclinaisons de notre esprit et très rapidement deviennent des habitudes sur lesquelles on a très peu de contrôle. D’un point de vue neurologique, les actions ne changent pas seulement notre esprit mais aussi notre cerveau. Le processus de création d’une habitude peut être divisé en quatre étapes simples : l’indice, l’envie, la réponse et la récompense.
Notre esprit analyse en permanence notre environnement interne et externe à la recherche d’indices sur la localisation des récompenses. Comme l’indice est la première indication que nous sommes proches d’une récompense, il conduit naturellement à une envie.
L’envie est la deuxième étape de la boucle de l’habitude, et elle est la force de motivation derrière chaque habitude. Sans un certain niveau de motivation ou de désir – sans envie de changement – nous n’avons aucune raison d’agir. Ce dont nous avons envie, ce n’est pas l’habitude elle-même, mais le changement d’état qu’elle procure. Les envies diffèrent d’une personne à l’autre.
La troisième étape est la réponse. La réponse est l’habitude réelle que nous prenons, qui peut prendre la forme d’une pensée ou d’une action verbale ou physique. Enfin, la réponse apporte une récompense. Les récompenses sont l’objectif final de toute habitude.
Chaque fois que l’on suit cette boucle, le réseau neuronal responsable de cette habitude devient plus fort et plus automatique, au point que nous ne remarquons plus les schémas qui nous conduisent à effectuer certaines actions.
Les habitudes peuvent être utiles, car elles nous permettent d’accomplir certaines tâches rapidement et efficacement ; cependant, elles peuvent conduire à une rigidité de l’esprit, limiter nos intérêts et nous empêcher de tirer le meilleur parti de la situation dans laquelle nous nous trouvons, comme dans cette histoire où les disciples laïcs manquent un des enseignements du Bouddha.