Longue est la nuit pour qui veille ! Longue l’étape pour qui est fatigué ! Longue la succession des existences pour les fous qui ne connaissent pas le Dhamma (l’enseignement du Bouddha) !
L’histoire d’une personne
Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 60, en référence à un certain jeune homme et au roi Pasenadi du Kosala.
Un jour, le roi Pasenadi, alors qu’il sortait en ville, vit par hasard une belle jeune femme à la fenêtre de sa maison et il en tomba instantanément amoureux. Le roi chercha comment il pourrait se la procurer. Découvrant qu’elle était mariée, il fit venir son mari et le fit servir au palais. Un jour, le roi envoya le mari dans une mission impossible. Le jeune homme devait se rendre à un endroit, à un yojana (12Km) de Savatthi, rapporter des fleurs de lotus Kumuda et de la terre rouge appelée « arunavati » du pays des dragons (nagas) et revenir à Savatthi le soir même, à temps pour le bain du roi. L’intention du roi était de tuer le mari s’il n’arrivait pas à temps, puis de lui prendre son épouse.
Le jeune homme se hâta de préparer de la nourriture à emporter et se mit en route. En chemin, il partagea sa nourriture avec un voyageur. Il jeta également du riz dans l’eau et dit à haute voix : « Ô esprits gardiens et dragons qui habitent ce fleuve ! Le roi Pasenadi m’a ordonné de lui rapporter des fleurs de lotus Kumuda et de la terre rouge arunavati. Aujourd’hui, j’ai partagé ma nourriture avec un voyageur ; j’ai aussi nourri les poissons du fleuve ; je partage maintenant avec vous les bénéfices des bonnes actions que j’ai faites aujourd’hui. S’il vous plaît, allez me chercher le lotus Kumuda et la terre rouge arunavati ». Le roi des dragons, l’entendant, prit l’apparence d’un vieil homme et apporta les fleurs de lotus et la terre rouge.
Ce soir-là, le roi Pasenadi, craignant que le jeune mari n’arrive à temps, fit fermer les portes de la ville plus tôt. Le jeune homme, trouvant les portes de la ville fermées, plaça la terre rouge sur le mur de la ville et planta les fleurs. Puis il déclara à haute voix : « Ô citoyens ! Soyez mes témoins ! Aujourd’hui, j’ai accompli ma mission à temps, conformément aux instructions du roi. Le roi Pasenadi, sans aucune justification, projette de me tuer. » Après cela, le jeune homme partit pour le monastère de Jetavana pour s’y réfugier et trouver du réconfort dans l’atmosphère paisible du monastère.
Pendant ce temps, le roi Pasenadi, obsédé par le désir sexuel, ne pouvant pas dormir, continua de penser à la manière dont il pourrait se débarrasser du mari et prendre sa femme. À l’aube, il entendit des bruits étranges ; en fait, il s’agissait des voix tristes de quatre personnes souffrant à Lohakumbhi Niraya (un type d’enfer). En entendant ces voix étranges, le roi fut terrifié. Tôt, le matin, il se rendit au monastère pour voir le Bouddha, comme le lui avait conseillé la reine Mallika quand il lui parla des bruits qu’il avait entendu. Lorsque le roi lui parla des voix, le Bouddha lui expliqua qu’il s’agissait des voix de quatre êtres, qui étaient les fils d’hommes riches à l’époque du Bouddha Kassapa*, et que, maintenant ils souffraient dans le Lohakumbhi Niraya parce qu’ils avaient commis des actes sexuels avec les femmes mariées. Puis, le roi réalisa la dépravation de l’acte d’adultère et de la sévérité de la punition. Il décida alors qu’il ne convoiterait plus la femme d’un autre homme. « Après tout, c’est à cause de mon désir intense pour la femme d’un autre homme que j’ai été tourmenté et que je n’ai pas pu dormir toute la nuit dernière », réfléchit-il. Le roi Pasenadi dit au Bouddha : « Vénérable Seigneur, maintenant, je sais combien la nuit est longue pour celui qui ne peut pas dormir ». Le jeune homme qui se trouvait à proximité dit également : « Vénérable Seigneur, parce que j’ai parcouru toute la distance d’un yojana hier, je sais moi aussi combien le voyage d’un yojana est long pour celui qui est fatigué ».
Le Bouddha déclara :
Longue est la nuit pour qui veille ! longue l’étape pour qui est fatigué ! longue la succession des existences pour les fous qui ne connaissent pas le Dhamma (l’enseignement du Bouddha) !
*Bouddha Kassapa : l’un des sept bouddhas antiques qui ont précédé Gautama Buddha, le bouddha historique.
Quelques réflexions …..
Le sommeil paisible ne vient pas du luxe d’un lit confortable, il vient d’un esprit purifié des trois poisons : la haine, l’avidité et l’ignorance. Si nous nous engageons dans des actions mauvaises, l’esprit change et cultive des attitudes malsaines, nous devenons de plus en plus enclins aux mauvaises actions, aux mauvais discours et aux mauvaises pensées alors le sommeil est difficile, nous ne pouvons trouver aucune paix.
Les » fous », en général, ne se rendent pas compte du danger de ce qu’ils se font à eux-mêmes parce qu’ils sont si pleins d’orgueil, d’arrogance et d’ignorance. Ils ne voient pas la Vérité. Ils ne voient pas clairement (ou pas du tout) qu’il y a des conséquences à nos actions mentales, verbales et physiques. Ils ne prennent pas le temps d’observer en eux-mêmes et chez les autres comment les mauvaises actions mènent à la souffrance. Ils ne lâchent pas leurs désirs et continuent à les poursuivre et font tout pour éviter les objets d’aversion, créant ainsi davantage de souffrance pour eux-mêmes et pour les autres.