Dhammapada Verset 306

Celui qui ment va en enfer comme celui qui a fait le mal et dit « je ne l’ai pas fait ». Ces deux êtres aux actes malfaisants, partagent le même sort après la mort.

L’histoire de Sundari, la femme ascète

Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 306, en référence à Sundari, une femme ascète errante.

Alors que le nombre de personnes vénérant le Bouddha augmentait, les ascètes non- bouddhistes constatèrent que le nombre de leurs disciples diminuait. Ils devinrent donc très jaloux du Bouddha ; ils craignaient que les choses n’empirent s’ils ne faisaient pas quelque chose pour nuire à sa réputation. Ils firent donc venir Sundari et lui dirent : « Sundari, tu es une jeune femme très belle et très intelligente. Nous voulons que tu fasses honte à Samana Gotama (le Bouddha), en faisant croire aux autres que tu as des relations sexuelles avec lui. En agissant ainsi, son image sera ternie, ses partisans diminueront et beaucoup viendront à nous. Sers-toi de ton apparence et sois rusée. »

Sundari comprit ce que l’on attendait d’elle. Ainsi, tard, dans la soirée, elle se dirigea vers le monastère de Jetavana. Quand les gens lui demandèrent où elle allait, elle répondit : « Je vais rendre visite à Samana Gotama ; je vis avec lui dans la Chambre parfumée du monastère de Jetavana ». Après avoir dit cela, elle se dirigea vers le lieu où vivaient les ascètes. Tôt, le matin du jour suivant, elle retourna chez elle, si quelqu’un lui demandait d’où elle venait, elle répondait : « Je viens de la Chambre parfumée, j’ai passé la nuit avec Samana Gotama. » Elle continua ainsi pendant trois jours. Au bout de trois jours, les ascètes engagèrent des ivrognes pour tuer Sundari et mettre son corps dans un tas d’ordures près du monastère de Jetavana.

Le lendemain, les ascètes répandirent la nouvelle de la disparition de Paribbajika Sundari. Ils se rendirent chez le roi pour lui faire part de l’affaire et de leurs soupçons. Le roi leur donna la permission de chercher où ils le souhaitaient. Trouvant le corps près du monastère de Jetavana, ils le transportèrent au palais. Puis ils dirent au roi : « O roi, les disciples de Gotama ont tué cette Paribbajika et ont jeté son corps dans le tas d’ordures près du monastère de Jetavana pour dissimuler le méfait de leur maître. » Le roi leur répondit : « Dans ce cas, vous pouvez faire le tour de la ville et proclamer cela. » Ils firent donc le tour de la ville en portant le cadavre de Sundari et en criant : « Regardez ! Ce que les partisans de Gotama ont fait ; voyez comment ils ont essayé de dissimuler le méfait de Gotama ! ». La procession retourna ensuite au palais. Les bhikkhus vivant dans le monastère de Jetavana racontèrent au Bouddha ce que ces ascètes faisaient pour nuire à sa réputation et ternir son image. Mais le Bouddha se contenta de dire : « Mes fils, vous n’avez qu’à leur dire ceci : Celui qui ment va en enfer comme celui qui a fait le mal et dit « je ne l’ai pas fait ». Ces deux êtres aux actes malfaisants, partagent le même sort après la mort. »

Le roi ordonna à ses hommes de poursuivre l’enquête sur le meurtre de Sundari. En enquêtant, ils découvrirent que Sundari était morte de la main de quelques ivrognes. Ils les amenèrent donc au roi. Interrogés, les ivrognes révélèrent qu’ils avaient été engagés par les ascètes pour la tuer et déposer son corps près du monastère de Jetavana. Le roi fit alors venir les ascètes, et ils finirent par avouer leur rôle dans le meurtre de Sundari. Le roi leur ordonna de faire le tour de la ville en confessant leur culpabilité à la population. Ils firent donc le tour de la ville en disant : « C’est nous qui avons tué Sundari. Nous avons faussement accusé les disciples de Gotama pour le couvrir de honte. Les disciples de Gotama sont innocents, nous seuls sommes coupables du crime ». À la suite de cet épisode, le pouvoir, la gloire et la fortune du Bouddha accrurent.

Quelques réflexions …..

Il s’agit de l’injonction très sévère contre le mensonge, mais le Bouddha ne parle pas avec autant de force parce qu’il « déteste » le mensonge, mais par compassion pour les ignorants qui ne réalisent pas les terribles effets du mensonge.

Tout mensonge, même les petits mensonges, a des conséquences sur notre corps et notre esprit, mais les mensonges plus graves, comme le fait d’accuser faussement quelqu’un d’un crime, peuvent avoir des conséquences dévastatrices. La malhonnêteté place le cerveau dans un état d’alerte élevé, et ce stress augmente avec l’ampleur du mensonge. Mentir donne lieu à des signes physiques, lorsque nous mentons, nos rythmes respiratoires et cardiaques accélèrent, nous commençons à transpirer, notre bouche devient sèche et notre voix peut trembler. Un cerveau honnête est détendu, tandis qu’un cerveau malhonnête est frénétique.

Les mensonges engendrent également des problèmes de santé mentale tels que l’anxiété, la dépression, le manque de confiance en soi, la honte et la culpabilité. Ils peuvent également ruiner la confiance que nos proches, nos amis et nos collègues ont en nous, rendant ainsi notre vie solitaire. De plus, lorsque nous mentons souvent, la réalité finit par devenir floue non seulement pour les autres mais aussi pour nous-même. Même en ne disant que de petits mensonges, nous créons des problèmes de confiance avec nous-même et avec les autres. Pour que les gens nous traitent comme nous aimerions être traité, et pour qu’ils nous comprennent, nous devons être honnêtes. Ne soyons donc pas surpris si, après avoir dit un petit mensonge, nous nous sentons incompris.