Auparavant, cet esprit vagabondait comme il le voulait, où il le voulait, à son propre gré. Maintenant, je vais contrôler mon esprit avec sagesse, comme un cornac avec son aiguillon contrôle un éléphant en rut.
L’histoire de Samanera Sanu
Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha a prononcé le verset 326, en référence à un jeune samanera (novice) nommé Sanu.
Un jour, Samanera Sanu fut poussé par des bhikkhus plus âgés à monter sur l’estrade et à réciter des extraits de textes en pali. Lorsqu’il eut terminé sa récitation, il s’écria solennellement : « Que les mérites que j’ai acquis aujourd’hui en récitant ces textes sacrés soient partagés par ma mère et mon père ». À ce moment-là, les devas et l’ogresse qui avait été la mère du jeune samanera dans une existence antérieure écoutaient sa récitation. Lorsqu’elles entendirent ses paroles, l’ogresse fut ravie et s’écria aussitôt : « Mon cher fils, comme je suis heureuse de partager ton mérite ; tu as bien fait, mon fils. Bien fait ! Bravo ! À cause de cela, la mère ogresse en vint à être très respectée et les devas et les autres ogres lui donnaient la priorité dans leurs assemblées.
En grandissant, le samanera voulut retourner à la vie laïque ; il rentra chez lui et demanda ses vêtements à sa mère. Sa mère ne voulait pas qu’il quitte l’ordre et essaya de l’en dissuader, mais il était très ferme dans sa décision. Sa mère lui promis de lui donner ses vêtements après le repas. Alors que sa mère était occupée à préparer le repas, l’ogresse, qui était sa mère d’une existence passée, pensa : « Si mon fils Sanu quitte l’ordre, je serai déshonorée et deviendrai la risée des autres ogres et dévas ; je dois essayer de l’empêcher de quitter l’Ordre. » Alors, elle entra dans l’esprit du jeune samanera ; le garçon se roula sur le sol, marmonnant de manière incohérente avec de la salive qui coulait de sa bouche. La mère s’alarma ; des voisins vinrent et ont essayèrent d’apaiser les esprits. Puis, l’ogresse prit la parole : « Ce samanera veut quitter l’ordre religieux et retourner à la vie laïque ; s’il le fait, il ne pourra pas échapper à la souffrance. » Après avoir prononcé ces mots, l’ogresse quitta le corps du garçon et celui-ci redevint normal.
Trouvant sa mère en larmes et les voisins se pressant autour de lui, il demanda ce qui s’était passé. Sa mère lui raconta tout ce qui lui était arrivé et lui expliqua aussi que revenir à la vie laïque après l’avoir quittée était très malavisé ; en effet, bien que vivant, il serait comme un mort. Le samanera se rendit alors compte de son erreur. Prenant ses trois robes, il retourna au monastère et fut bientôt admis comme bhikkhu.
Lorsqu’on lui parla de Samanera Sanu, le Bouddha, désireux de lui enseigner la maîtrise de l’esprit, lui dit : « Mon fils, celui qui ne maîtrise pas l’esprit qui vagabonde ne peut trouver le bonheur. Alors, contrôle ton esprit comme un cornac contrôle un éléphant. »
Puis le Bouddha dit :
Auparavant, cet esprit vagabondait comme il le voulait, où il le voulait, à son propre gré. Maintenant, je vais contrôler mon esprit avec sagesse, comme un cornac avec son aiguillon contrôle un éléphant en rut.
À la fin du discours, Vénérable Sanu comprit les quatre Nobles Vérités et atteignit ensuite l’Éveil.
Quelques réflexions …..
Nous avons tendance à penser que le contrôle de notre esprit implique beaucoup de critiques, de culpabilité et de force. En fait, lorsque nous commençons à méditer régulièrement, nous nous rendons compte que la douceur et la patience donnent de bien meilleurs résultats. Lorsque nous observons notre esprit calmement pendant la méditation, sans aucune attente, l’esprit finit par devenir calme. C’est comme enseigner à un enfant turbulent qui court partout, se frustre et se met en colère très facilement. La force ne nous mènera pas très loin, mais des manières, des paroles et des activités douces apaisent l’enfant beaucoup plus efficacement. Cependant, nous devons parfois utiliser un aiguillon. Cet aiguillon est la discipline, comme les cinq préceptes*. Cela donne des limites à l’esprit, au début l’esprit peut ne pas apprécier, mais lorsque nous réalisons que cela nous donne l’éthique qui nous permet de vivre sans regrets et sans souffrance, nous comprenons la nécessité de l' »aiguillon », nous l’acceptons et l’apprécions.
*Les cinq préceptes
Je m’efforcerai d’observer le précepte de m’abstenir de prendre la vie.
Je m’efforcerai d’observer le précepte de m’abstenir de prendre ce qui n’est pas donné.
Je m’efforcerai d’observer le précepte de m’abstenir de méconduite sexuelle.
Je m’efforcerai d’observer le précepte de m’abstenir de parole fausse.
Je m’efforcerai d’observer le précepte de m’abstenir de prendre des intoxicants.