Dhammapada Versets 288 – 289

Verset 288 : Ni les fils, ni les parents, ni les proches ne peuvent protéger celui qui est assailli par la Mort.

Verset 289 : Sachant cela, le sage, pratiquant la vertu et la modération s’engage dès à présent sur la Voie menant à la libération, au Nibbana.

L’histoire de Theri Patacara (même histoire que verset 114)

Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça les versets 288 et 289, en référence à Patacara.

Patacara était la fille d’un homme riche de Savatthi. Elle était très belle et ses parents la surveillaient de près. Mais un jour, elle s’enfuie avec un jeune homme de la famille et alla vivre dans un village, comme épouse d’un pauvre homme. Après un certain temps, elle tomba enceinte et, comme l’heure de la naissance approchait, elle demanda à son mari la permission de retourner chez ses parents à Savatthi, mais son mari la découragea de partir. Ainsi, un jour, alors que son mari était absent, elle se mit en route pour la maison de ses parents. Son mari la suivit et la rattrapa en chemin et la supplia de revenir avec lui, mais elle refusa. Comme son heure approchait, elle dut donner naissance à un fils dans un des buissons. Après la naissance de son fils, elle retourna chez elle avec son mari.

Puis, elle tomba de nouveau enceinte et, comme la naissance approchait, prenant son fils avec elle, elle partit à nouveau pour la maison de ses parents à Savatthi. Son mari la suivit et la rattrapa en chemin, mais l’heure de l’accouchement approchait à grands pas et il pleuvait beaucoup. Le mari chercha un endroit approprié pour l’accouchement et alors qu’il défrichait un petit bout de terrain, il fut mordu par un serpent venimeux et mourut sur le coup. Patacara attendit son mari, et en attendant son retour, elle donna naissance à son deuxième fils. Le matin, elle chercha son mari, mais ne trouva que son corps mort. Se disant que son mari était mort à cause d’elle, elle continua son chemin vers ses parents.

Comme il avait plu sans cesse toute la nuit, la rivière Aciravati était en crue ; il ne lui était pas possible de traverser la rivière en portant ses deux fils. Laissant le garçon aîné sur la berge, elle traversa le cours d’eau avec son nouveau-né et revint le chercher. Alors qu’elle était encore au milieu de la rivière, un grand faucon apparut au-dessus du bébé, le prenant pour un morceau de viande. Elle cria pour faire fuir l’oiseau, mais ce fut en vain ; l’enfant fut emporté par le faucon. Pendant ce temps, l’autre fils entendit sa mère crier depuis le milieu du ruisseau et pensa qu’elle l’appelait pour qu’il vienne la rejoindre. Il entra donc dans la rivière pour rejoindre sa mère, et fut emporté par le fort courant. Ainsi, Patacara perdit ses deux fils ainsi que son mari.

Elle pleurait et se lamentait bruyamment : « Un fils est emporté par un faucon, un autre fils est emporté par le courant, mon mari est aussi mort, mordu par un serpent venimeux ! » Puis, elle vit un homme de Savatthi et elle demanda en larmes des nouvelles de ses parents. L’homme lui répondit qu’en raison d’une violente tempête à Savatthi la nuit précédente, la maison de ses parents s’était effondrée et que ses deux parents ainsi que ses trois frères étaient morts et avaient été incinérés sur un bûcher funéraire. En entendant cette tragique nouvelle, Patacara devint complètement folle. Elle ne remarqua même pas que ses vêtements s’étaient détachés d’elle et qu’elle était à moitié nue. Elle parcourut les rues en criant ses malheurs.

Alors que le Bouddha donnait un enseignement au monastère de Jetavana, il aperçut Patacara à distance ; par son pouvoir surnaturel, il la fit venir. La foule, la voyant arriver, essaya de l’arrêter en disant : « Ne laissez pas entrer cettte folle ». Mais le Bouddha leur dit de ne pas l’empêcher d’entrer. Lorsque Patacara fut assez proche pour l’entendre, il lui dit de faire attention et de rester calme. Elle se rendit alors compte qu’elle n’avait pas de jupe et s’assit avec honte. Quelqu’un lui donna un morceau de tissu pour se couvrir. Elle raconta alors au Bouddha comment elle avait perdu ses fils, son mari, ses frères et ses parents. Il dit :  » Patacara, les enfants ne peuvent pas s’occuper des parents ; même s’ils sont vivants, ils n’existent pas pour les parents. Le sage observe la moralité et élimine les obstacles à la Voie menant à Nibbana. »

Puis le Bouddha dit :

Ni les fils, ni les parents, ni les proches ne peuvent protéger celui qui est assailli par la Mort.

Sachant cela, le sage, pratiquant la vertu et la modération s’engage dès à présent sur la Voie menant à la libération, au Nibbana.

Après avoir entendu cette exhortation du Bouddha, Patacara atteignit le premier stade de l’Eveil.

Quelques réflexions …..

Nous avons généralement tendance à penser que notre maison, notre travail, nos partenaires, nos amis et nos parents seront toujours là pour nous, même si nous savons intellectuellement que ce n’est pas le cas, nous ne nous préparons pas aux changements inévitables dans notre vie. Cependant, la réalité est que nous sommes aussi vulnérables que Patacara. Cette prise de conscience nous aide à nous défaire de nos attachements et de nos illusions et nous incite à cultiver notre esprit.