« je passerai la saison des pluies ici ; je passerai l’hiver et l’été là-bas », c’est ainsi que pense l’ignorant, sans se rendre compte du danger (de la mort qui approche).
L’histoire de Mahadhana, un marchand
Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 286, en référence à Mahadhana, un marchand de Baranasi.
Un jour, un marchand de Baranasi se rendit à un festival à Savatthi avec cinq cents charrettes chargées de textiles et autres marchandises. Lorsqu’il atteignit la rive d’une rivière près de Savatthi, elle était en crue ; il ne put donc traverser. Il fut retenu pendant sept jours car il pleuvait beaucoup et l’eau ne baissait pas. Lorsque le niveau de la rivière baissa il était trop tard pour le festival.
Comme il venait de loin, il ne voulait pas rentrer chez lui avec son chargement plein de marchandises. Il décida donc de passer la saison des pluies, l’hiver et l’été près de la rivière et fit part de sa décision à ses assistants. Le Bouddha, qui revenait de mendier sa nourriture, savait ce que le marchant avait décidé et sourit. Ananda demanda au Bouddha pourquoi il souriait, il répondit : « Ananda, vois-tu ce marchand ? Il pense qu’il va rester ici et vendre ses marchandises toute l’année. Il ne sait pas qu’il va mourir ici dans sept jours. Ce qui doit être fait doit être fait aujourd’hui. Comment peut-on savoir quand on va mourir ? Nous n’avons pas de date fixe avec le Roi de la Mort. Pour celui qui est attentif de jour comme de nuit, qui n’est pas perturbé par les souillures morales et qui est énergique, vivre une seule nuit est une vie bien employée. »
Le Bouddha envoya ensuite Ananda vers le marchand. Il expliqua à Mahadhana que le temps lui était compté, et qu’il devait pratiquer la pleine conscience au lieu d’être négligent. En apprenant sa mort imminente, Mahadhana fut alarmé et effrayé. Ainsi, pendant sept jours, il offrit de la nourriture au Bouddha et aux bhikkhus. Le septième jour, le Bouddha prononça un discours de remerciements.
Puis le Bouddha dit :
« je passerai la saison des pluies ici ; je passerai l’hiver et l’été là-bas », c’est ainsi que pense l’ignorant, sans se rendre compte du danger (de la mort qui approche).
À la fin du discours, le marchand Mahadhana atteignit le premier stade de l’Éveil. Il suivit le Bouddha vers le monastère sur une certaine distance puis revint. À son retour, il eut un grave mal de tête et mourut peu après. Mahadhana renaquit dans le monde des deva Tusita*.
* Devas Tusita : êtres divins
Quelques réflexions …..
Dans notre vie de tous les jours, nous avons tendance à ne pas penser à la mort et à faire des projets d’avenir avec enthousiasme. Nous sommes frustrés, déprimés ou en colère lorsque nos projets ne se réalisent pas. Ce verset nous incite à être toujours conscient que rien de la vie terrestre n’est sûr, surtout pas la vie elle-même. Nous devons réaliser que tout ce qui est prévu n’est que provisoire, et que la seule chose sûre est la mort.
Cela ne doit pas être pris dans un sens effrayant ou pessimiste, mais doit nous inciter à prendre constamment conscience de l’impermanence de la vie, de l’impermanence de toutes choses. Cette réalisation nous pousse à être vigilant sur la façon dont nous passons notre temps, à examiner si nos actions mentales, verbales et physiques sont en accord avec notre éthique.
En un mot, se demander fréquemment si nous serions paisibles en mourant dans l’état où nous sommes est un exercice très utile. Si la réponse à cette question est négative, nous savons que nous devons examiner de près les raisons et nous efforcer de changer dans la bonne direction.