Dhammapada Verset 176

Pour celui qui transgresse la Vérité, qui est livré au mensonge, et qui ne se soucie pas de la vie dans l’au-delà, il n’y a pas de mal qu’il n’ose faire.

L’histoire de Cincamanavika

Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 176 de ce livre, en référence à Cincamanavika.

Les enseignements du Bouddha attiraient de plus en plus de gens et les ascètes d’autres confessions voyaient leurs adeptes diminuer ce qui les inquiétait, car ils avaient moins de revenus et d’influence. Ils firent un plan pur nuire à la réputation du Bouddha. Ils appelèrent la très belle Cincamanavika, une de leurs élèves dévouée, et lui dirent : « Si vous avez nos intérêts à cœur, aidez-nous à faire honte à Samana Gotama ». Cincamanavika accepta de coopérer avec eux.

Le soir même, elle prit des fleurs et se dirigea vers le monastère de Jetavana. Lorsque les gens lui demandèrent où elle allait, elle répondit : « À quoi bon que vous sachiez où je vais ?  » Ensuite, elle se rendait chez d’autres ascètes près du monastère de Jetavana et revenait tôt le matin pour faire croire qu’elle avait passé la nuit au monastère de Jetavana. Lorsqu’on lui posait la question, elle répondait : « J’ai passé la nuit avec Samana Gotama dans la chambre parfumée du monastère de Jetavana ». Au bout de trois ou quatre mois, elle s’enveloppa le ventre d’un tissu pour avoir l’air enceinte. Puis, au bout de huit ou neuf mois, elle plaça une fine planche de bois ronde sur le ventre ; elle battait aussi ses paumes et ses pieds pour les faire gonfler, et faisait semblant de se sentir très fatiguée. Ainsi, elle était l’image parfaite d’une femme à un stade avancé de sa grossesse. Enfin, un soir, elle se rendit au monastère de Jetavana pour affronter le Bouddha.

Le Bouddha enseignait le Dhamma à une congrégation de bhikkhus et de laïcs. Le voyant enseigner sur la plate-forme, elle accusa ainsi le Bouddha : « O toi, grand Samana ! Tu ne fais que prêcher aux autres. Je suis maintenant enceinte de toi, et pourtant, tu ne fais rien pour m’aider à préparer pour la naissance imminente. Tu ne fais que t’amuser ! » Le Bouddha cessa son discours et lui dit : « Ma sœur, seuls toi et moi savons si tu dis la vérité ou non », et Cincamanavika répondit : « Oui, tu as raison, comment les autres peuvent-ils savoir ce que seuls toi et moi savons ? »

À cet instant, Sakka, le roi des dévas, réalisa qu’un problème se préparait au monastère de Jetavana, il envoya quatre de ses dévas sous forme de jeunes rats. Les quatre rats se glissèrent sous les vêtements de Cincamanavika et rongèrent les ficelles qui fixaient la planche de bois autour de son ventre. La planche de bois tomba, coupant la partie avant des pieds de Cincamanavika. Ainsi, la tromperie de Cincamanavika fut exposée, beaucoup de gens dans foule crièrent de colère : « Oh, méchante femme ! Menteuse ! Tricheuse ! Comment osez-vous accuser notre noble professeur ! » Certains d’entre eux lui crachèrent dessus et la chassèrent. Elle courut aussi vite qu’elle le put, et lorsqu’elle eut parcouru une certaine distance, la terre se fissura et Cincamanavika fut engloutie.

Le lendemain, alors que les bhikkus parlaient de Cincamanavika, le Bouddha dit « Bhikkhus, celui qui n’a pas peur de mentir, et qui ne se soucie pas d’une future existence, n’a aucune hésitation à faire le mal. »

Quelques réflexions …..

Beaucoup de gens pensent que les mauvaises actions peuvent mener à des résultats positifs. Il est certainement vrai que lorsqu’on vole, on devient plus riche matériellement, mais cela dépend de la valeur que l’on donne aux biens matériels dans notre vie. Les conséquences spirituelles et psychologiques d’un mauvais acte sont profondes, telles que la culpabilité, la peur d’être arrêté par la police, la peur que les personnes qu’on aime et qu’on estime découvrent ce qu’on a fait et le sentiment que, par nos actions, nous changeons le monde dans lequel nous vivons pour le pire.

Le mensonge est souvent négligé comme mauvaise action, car nous nous concentrons surtout sur des actes tels que le vol et le meurtre et nous analysons rarement les conséquences du mensonge. Le mensonge crée un sentiment d’une réalité incertaine, nébuleuse et fausse qui jette ensuite le doute sur ce qui est bien et ce qui est mal, ce qui est réel et ce qui ne l’est pas dans l’esprit du menteur ainsi que dans celui des personnes qui l’écoutent. Cela nous rend confus, rancuniers et souvent agressifs et méfiants. Ces sentiments nébuleux et négatifs ne peuvent pas être la base d’une vie joyeuse et épanouissante. Il y a aussi évidement les conséquences que les mensonges ont sur les personnes au sujet desquelles on a menti.  Ces personnes souffrent et pourraient vouloir se venger, déclenchant ainsi un conflit dans lequel tout le monde souffre, y compris nous-mêmes.