Dhammapada Verset 164

L’homme insensé qui, en raison de ses vues erronées, méprise l’enseignement des Nobles (Ariyas) qui vivent selon le Dhamma est comme le bambou qui porte des fruits pour sa propre destruction*.

* les bambous meurent après avoir produit des fruits.

L’histoire de Vénérable Kala

Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 164 en référence à Vénérable Kala.

Une fois à Savatthi, une femme âgée s’occupait d’un Vénérable nommé Kala, comme de son propre fils. Un jour, ayant entendu parler ses voisins des vertus de l’enseignement du Bouddha, elle souhaita vivement se rendre au monastère de Jetavana pour écouter les discours du Bouddha. Elle fit part de ses souhaits à Vénérable Kala, mais le Vénérable lui déconseilla d’y aller. Il craignait que si elle allait écouter le Bouddha elle cesserait de prendre soin de lui. Elle lui en parla à trois reprises, mais à chaque fois, il essayait de la dissuader. Un jour malgré tout, la femme décida d’y aller. Après avoir demandé à sa fille de s’occuper des besoins de Vénérable Kala, elle partit pour le monastère. Lorsque Vénérable Kala revint de mendier sa nourriture, il apprit que la femme était partie pour le monastère de Jetavana. Il pensa : « Il est tout à fait possible que la maîtresse de maison perde sa foi en moi ». Il s’empressa donc de la suivre au monastère. Là, il la trouva en train d’écouter le discours du Bouddha. Il s’approcha du Bouddha avec respect, et lui a dit : « Vénérable Seigneur ! Cette femme n’est pas très intelligente ; elle ne pourra pas comprendre le sublime Dhamma ; s’il vous plaît, enseignez-lui seulement la charité (dana) et la moralité (sila) ».

Le Bouddha savait très bien que Vénérable Kala parlait par dépit et avec une arrière-pensée. Il dit donc à Vénérable Kala : « Bhikkhu ! Parce que tu es stupide et que tu as des vues erronées, tu méprises mon enseignement. Tu es toi-même ta propre ruine ; en fait, tu essaies seulement de te détruire toi-même. »

Ensuite, le Bouddha dit : L’homme insensé qui, à cause de ses vues erronées, méprise l’enseignement des Nobles (Ariyas) qui vivent selon le Dhamma est comme le bambou qui porte du fruit pour sa propre destruction.

À la fin du discours, la femme âgée atteint la réalisation de Sotapanna (premier stage de l’Éveil).

Quelques réflexions …..

Nous devons faire attention aux motivations des personnes qui nous enseignent et à nos motivations lorsque nous enseignons aux autres. Le désir, comme chez le moine Kala, peut nous amener à refuser des opportunités aux autres par crainte de perdre notre réputation, l’estime des autres et notre propre estime de soi, les avantages matériels, etc. Le désir nous rend aveugle aux conséquences de nos actions mentales, verbales et physiques sur nous-mêmes et sur les autres. Le désir corrompt l’esprit à un niveau très profond et la méditation nous permet de voir comment le désir affecte et corrompt l’esprit.

Prenons un exemple simple de la vie quotidienne : Je veux une tasse de café pendant que je suis en ville par une journée froide. Soudain, mon esprit devient obsédé ; j’ignore les gens et les choses qui m’entourent, mon esprit se concentre uniquement sur cette tasse de café, une tension s’installe ; je scrute l’environnement à la recherche d’un endroit où je pourrais prendre un café. Je sens plus le froid, cela renforce le besoin d’un café chaud. Je trouve un café et j’attends avec impatience mon tour pour commander le café. Je prends le café et invariablement, il y a quelque chose qui ne va pas, il est trop chaud ou trop froid, etc. Une fois que j’ai pris le café, la tension se relâche jusqu’à la prochaine fois. En outre, il ne s’agissait que le désir pour une tasse de café, mais le désir d’argent, de pouvoir, de réputation ou de gloire serait probablement beaucoup plus puissant et entraînerait probablement un sentiment de concurrence, ce qui est la porte ouverte à des actes malveillants de grande ampleur.

Chaque fois que nous désirons quelque chose et que nous passons par ce processus pour l’obtenir, nous entraînons notre esprit à exécuter ce comportement si rapidement et si naturellement que nous en devenons aveugles, nous le sentons faire partie de qui nous sommes, de la façon dont nous fonctionnons ; cependant, lorsque nous méditons, nous réalisons combien de tension et de souffrance le désir crée pour nous et pour les autres.