Ni dans le ciel, ni au milieu de l’océan, ni dans la grotte la plus profonde d’une montagne, il n’y a d’endroit où l’on soit à l’abri des conséquences de ses mauvaises actions.
L’histoire de trois groupes de personnes
Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 127, en référence aux questions soulevées par trois groupes de bhikkhus concernant trois incidents extraordinaires.
Le premier groupe : Un groupe de bhikkhus était en route pour rendre hommage au Bouddha et en chemin, ils s’arrêtèrent dans un village. Des gens leur préparaient un repas quand l’une des maisons prit feu. Un cercle de feu s’éleva dans les airs. À ce moment-là, un corbeau qui volait prés de cette maison, fut pris dans l’anneau de feu et tomba mort au centre du village. Les bhikkhus, voyant le corbeau mort, observèrent que seul le Bouddha serait capable d’expliquer pour quelle mauvaise action ce corbeau devait mourir de cette manière. Après avoir pris leur repas, ils continuèrent leur voyage pour rendre hommage au Bouddha, et aussi pour demander des nouvelles du malheureux corbeau.
Le deuxième groupe : Un autre groupe de bhikkhus voyageait dans une barque ; eux aussi étaient en route pour rendre hommage au Bouddha. Lorsqu’ils se trouvèrent au milieu de l’océan, le bateau arrêta de bouger. Alors, on tira au sort pour savoir qui était le malchanceux ; par trois fois, le sort tomba sur la femme du skipper. Le skipper dit alors avec tristesse : « Beaucoup de gens ne doivent pas mourir à cause de cette femme malchanceuse ; attachez-lui un pot de sable au cou et jetez-la à l’eau. » La femme fut jetée à la mer selon les instructions du capitaine et le navire a pu repartir. Arrivés à destination, les bhikkhus débarquèrent et continuèrent leur chemin vers le Bouddha. Ils avaient également l’intention de demander au Bouddha à cause de quel mauvais kamma la malheureuse femme avait été jetée par-dessus bord.
Le troisième groupe : Un groupe de sept bhikkhus était également en route pour rendre hommage au Bouddha. En chemin, ils s’informèrent auprès d’un monastère pour savoir s’il y avait un endroit approprié pour s’abriter pour la nuit dans les environs. On les dirigea vers une grotte, où ils passèrent la nuit, mais au milieu de la nuit, un gros rocher se détacha et ferma l’entrée. Au matin, les bhikkhus du monastère voisin qui venaient à la grotte virent ce qui s’était passé et ils allèrent chercher des gens de sept villages. Avec l’aide de ces personnes, ils essayèrent de déplacer le rocher, mais en vain. Ainsi, les sept bhikkhus restèrent coincés dans la grotte sans eau ni nourriture pendant sept jours. Le septième jour, le rocher se déplaça miraculeusement, et les bhikkhus sortirent et continuèrent leur chemin vers le Bouddha. Ils avaient également l’intention de demander au Bouddha à cause de quelle mauvaise action antérieure, ils avaient été ainsi enfermés pendant sept jours dans une grotte.
Les trois groupes de voyageurs se rencontrèrent en chemin et se rendirent ensemble auprès du Bouddha. Chaque groupe lui raconta ce qu’il avait vu ou vécu en chemin et le Bouddha répondit à leurs questions.
Le Bouddha répondit au premier groupe : « Bhikkhus, il était une fois un fermier qui avait un bœuf. Le bœuf était très paresseux et aussi très têtu. On ne pouvait pas l’amadouer pour qu’il fasse le moindre travail ; il se couchait en ruminant ou s’endormait. Le fermier s’emporta souvent à cause de cet animal paresseux et têtu ; dans sa colère, il attacha une corde de paille autour du cou du bœuf et y mit le feu, et le bœuf mourut. A cause de cette mauvaise action, le fermier souffrit longtemps en enfer, et pour purger la partie restante de sa punition, il fut brûlé à mort dans les sept dernières existences ».
La réponse du Bouddha au second groupe : « Bhikkhus, il y avait une fois une femme qui avait un chien de compagnie. Elle avait l’habitude d’emmener le chien avec elle partout où elle allait et les jeunes garçons de la ville se moquaient d’elle. Elle était très en colère et se sentait si honteuse qu’elle projeta de tuer le chien. Elle remplit un pot de sable, l’attacha autour du cou du chien et le jeta dans l’eau ; le chien se noya. À cause de cette mauvaise action, cette femme avait souffert longtemps en enfer et, pour purger la partie restante de sa punition, elle avait été jetée dans l’eau pour se noyer dans les cent dernières existences. »
La réponse du Bouddha au troisième groupe : « Bhikkhus, une fois, sept vachers ont vu un iguane entrer dans un tertre et ils fermèrent tous les trous de sortie du monticule avec des brindilles et des branches d’arbres. Après avoir fermé les sorties, ils partirent, oubliant complètement l’iguane qui était piégé dans le monticule. Ce n’est qu’au bout de sept jours qu’ils se souvinrent de ce qu’ils avaient fait et s’empressèrent de retourner sur les lieux de leur méfait et de libérer l’iguane. À cause de cette mauvaise action, ces sept-là avaient été emprisonnés ensemble pendant sept jours sans aucune nourriture, dans les quatorze dernières existences. »
Alors, un bhikkhu remarqua : « Ô en effet ! Il n’y a pas d’échappatoire aux mauvaises conséquences pour celui qui a fait le mal, même s’il était dans le ciel, ou dans l’océan, ou dans une grotte. » Le Bouddha répondit : « Oui, Bhikkhu ! Tu as raison ; même dans le ciel ou ailleurs, il n’y a pas d’endroit qui soit hors d’atteinte des conséquences du mal. »
Puis le Bouddha dit :
Ni dans le ciel, ni au milieu de l’océan, ni dans la grotte la plus profonde d’une montagne, il n’y a d’endroit où l’on soit à l’abri des conséquences de ses mauvaises actions.
À la fin du discours, tous les bhikkhus atteignirent l’Éveil.
Quelques réflexions …..
Ces exemples peuvent être source d’inquiétude et d’anxiété. Cependant, le kamma n’est pas une chose à laquelle nous devons nous résigner et sur laquelle nous sommes totalement impuissants. S’il est vrai que le mauvais kamma nous rattrape, il est également vrai que le bon kamma atténue ses effets. Il est inutile d’être obsédé par les méfaits que nous avons commis dans le passé, le passé ne peut être changé, mais il est utile de prendre un nouveau départ dans la bonne direction et de s’y tenir.