Certains renaissent en tant qu’êtres humains, les malveillants renaissent en enfer. Les justes vont dans le monde des devas (paradis), et ceux qui ont atteint l’Éveil réalisent le Nibbana.
L’histoire de Vénérable Tissa
Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 126, en référence à Vénérable Tissa.
Il y avait autrefois un polisseur de pierres précieuses et sa femme à Savatthi ; il y avait aussi un Vénérable, qui était un être éveillé. Chaque jour, le couple lui offrait de la nourriture. Un jour, alors que le polisseur de pierres précieuses préparait de la viande pour le repas, un messager du roi Pasenadi de Kosala arriva avec un rubis, qui devait être taillé et poli, puis renvoyé au roi. Le polisseur de pierres précieuses prit le rubis avec sa main couverte de sang, le posa sur la table et entra dans la maison pour se laver les mains. Une grue, voyant le rubis taché de sang et le prenant pour un morceau de viande, le ramassa et l’avala en présence du Vénérable. Lorsque le polisseur de pierres précieuses revint, il constata que le rubis avait disparu. Il demanda à sa femme et à son fils et ils répondirent qu’ils ne l’avaient pas pris. Il demanda alors au Vénérable et il répondit aussi qu’il ne l’avait pas pris, mais il n’était pas satisfait. Comme il n’y avait personne d’autre dans la maison, le polisseur de pierres précieuses en conclut que c’était le Vénérable qui avait pris le précieux rubis : il dit donc à sa femme qu’il devait torturer le Vénérable pour lui faire avouer le vol.
Mais sa femme répondit : « Ce Vénérable a été notre guide et notre professeur pendant les douze dernières années, et nous ne l’avons jamais vu faire quoi que ce soit de mal ; s’il vous plaît, ne l’accusez pas. Il vaudrait mieux subir le châtiment du roi que d’accuser un être noble. » Mais son mari ne tint aucun compte de ses paroles ; il prit une corde, le ligota et le frappa plusieurs fois avec un bâton, à la suite de quoi, le Vénérable saigna abondamment de la tête, des oreilles et du nez, et tomba sur le sol. La grue, voyant le sang, s’approcha du Vénérable. Le polisseur de pierres précieuses, qui était alors dans une grande rage, donna un coup de pied à la grue de toutes ses forces et l’oiseau mourut instantanément. Le Vénérable dit alors : « S’il te plaît, regarde si la grue est morte ou non », et le polisseur de pierres précieuses répondit : « Toi aussi, tu vas mourir comme cette grue ». Lorsque le Vénérable fut certain que la grue était morte, il dit doucement : « Mon disciple, la grue a avalé le rubis. »
En entendant cela, le polisseur de pierres précieuses éventra la grue et trouva le rubis dans son estomac. Il réalisa alors son erreur et trembla de peur. Il supplia le Vénérable de lui pardonner et de continuer à se tenir à sa porte pour mendier sa nourriture. Il répondit : « Mon disciple, ce n’est pas ta faute, ni la mienne. Cela est arrivé à cause de ce qui a été fait dans nos existences précédentes ; c’est juste notre dette dans le samsara* ; je n’ai aucune mauvaise volonté envers toi. En fait, cela s’est produit parce que je suis entré dans une maison. À partir d’aujourd’hui, je n’entrerai plus dans aucune maison ; je me tiendrai seulement à la porte. » Peu après avoir dit cela, le Vénérable expira des suites de ses blessures.
Plus tard, les bhikkhus demandèrent au Bouddha où les différents personnages de l’épisode ci-dessus avaient pu renaître, il répondit : « La grue est renée en tant que fils de la femme du polisseur ; le polisseur est rené en enfer ; la femme du polisseur a pu renaître dans l’un des mondes deva ; et le Vénérable, qui était déjà un être éveillé, a réalisé Parinibbana**.
Puis le Bouddha dit :
Certains renaissent en tant qu’êtres humains, les malveillants renaissent en enfer. Les justes vont dans le monde des devas (paradis), et ceux qui ont atteint l’Eveil réalisent le Nibbana.
* Samsara : le cycle sans commencement de la naissance, de l’existence mondaine et de la mort.
** Parinibbana : la fin de l’existence physique d’une personne qui a atteint l’Éveil et l’entrée dans le Nibbana complet d’un Bouddha ou d’un être éveillé.
Quelques réflexions …..
En lisant cette histoire pour la première fois, nous nous sentons dévastés pour Vénérable Tissa ; cependant, en y réfléchissant, nous nous rendons compte que celui pour qui nous devrions être désolés est le polisseur. Vénérable Tissa est un être éveillé, il n’a aucun ressentiment à l’égard du polisseur, il a choisi d’être battu plutôt que de révéler où se trouvait le rubis, craignant que la grue serait tuée s’il disait ce qui c’était passé, et pour lui la mort signifie la libération, alors que le polisseur est confronté à un avenir terrible, se sentant coupable, incapable de trouver la paix intérieure, envahi d’anxiété et d’inquiétude et finalement mourant et finissant en enfer.
Dans notre vie quotidienne, nous commettons également ce genre d’erreurs. Lorsqu’une faute a été commise, nous avons tendance à éprouver de la sympathie uniquement pour la victime, mais en fait, l’auteur de la faute a également besoin de compassion. Lorsque nous commençons à voir cela, nous cessons de juger si sévèrement et nous optons pour une punition qui aide l’auteur de l’infraction plutôt que d’accroître ses sentiments d’impuissance et de culpabilité, ce qui rend la réhabilitation possible.