Celui qui nuit aux êtres vivants n’est pas un ariya (être noble); celui qui est bienveillant envers tous les êtres vivants est appelé un ariya.
L’histoire d’un pêcheur nommé Ariya
Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 270, en référence à un pêcheur nommé Ariya.
Il était une fois un pêcheur qui vivait près de la porte nord de Savatthi. Un jour, grâce à son pouvoir surnaturel, le Bouddha découvrit que le temps était venu pour le pêcheur d’atteindre le premier stade de l’Éveil. Ainsi, après avoir mendier sa nourriture, le Bouddha, suivi de bhikkhus, s’arrêta près de l’endroit où Ariya pêchait. Lorsque le pêcheur le vit, il jeta son matériel de pêche et vint près du Bouddha. Le Bouddha alors commença à demander les noms des bhikkhus qui l’accompagnaient en présence du pêcheur, et finalement, il demanda le nom du pêcheur. Lorsque le pêcheur répondit qu’il s’appelait Ariya, le Bouddha dit que les Nobles (ariyas) ne font de mal à aucun être vivant, mais que puisque le pêcheur prenait la vie des poissons, il n’était pas digne de son nom.
Puis le Bouddha dit :
Celui qui nuit aux êtres vivants n’est pas un ariya (être noble); celui qui est bienveillant envers tous les êtres vivants est appelé un ariya.
À la fin du discours, le pêcheur atteignit le premier stade de l’Éveil.
Quelques réflexions …..
Ce verset fait évidemment allusion à la mise à mort des animaux et au végétarisme. Il s’agit d’un sujet très controversé. Dans le bouddhisme, cela dépend de la branche, et de nombreuses branches ne l’exigent pas ou même ne l’encouragent pas. Il est même généralement admis que le Bouddha lui-même et ses moines mangeaient de la viande.
Cela tient en partie à l’exigence du Bouddha selon laquelle la Sangha, ou communauté monastique, doit vivre de la générosité des laïcs. Il y a deux raisons principales à cela : la loi du karma est un élément essentiel du bouddhisme, et il n’est pas rare de trouver dans le canon pali des récits de moines qui, par compassion, cherchent des personnes dans le besoin pour mendier de la nourriture, car cela permettait aux laïcs de se faire des mérites (bon khamma). Fournir aux laïcs une source de mérite, ou de bon karma, est une raison majeure pour laquelle le Bouddha a imposé cette exigence au Sangha. La deuxième raison est qu’il est évidemment plus pratique et plus propice à la culture mentale pour un moine de vivre simplement de la nourriture donnée par les autres que de cuisiner sa propre nourriture. Non seulement cela permet de gagner du temps, mais cela libère l’esprit du souci d’avoir à préparer la nourriture. La Sangha doit n’avoir que des besoins modestes, et cela inclut de ne pas être difficile en matière de nourriture, bien que les moines doivent refuser la viande s’ils voient, entendent ou soupçonnent que l’animal a été tué spécifiquement pour eux ou s’il s’agit d’un type de viande que le Bouddha a interdit aux moines d’accepter, comme la viande d’humain ou de tigre pour n’en citer que quelques-uns.
L’acte de manger de la viande est distinct de l’acte de tuer, et il n’est pas nécessaire de tuer pour manger de la viande. On pourrait donc dire qu’acheter de la viande au supermarché constitue un acte de charognard et qu’aucun mauvais khamma n’est attaché à cet acte. Mais il faut quand même réaliser qu’on encourage la mise à mort des animaux.
Si les effets de l’offre et de la demande liés au fait d’acheter moins de viande ont pour effet de diminuer le massacre du bétail, la consommation de matières végétales entraîne également la perte de vies, même si elle est accidentelle ou indirecte. Il existe une histoire célèbre dans la vie du Bouddha où il assistait à un festival lorsqu’il était enfant. Au cours de la fête, le jeune prince (le futur Bouddha) aperçut un fermier qui labourait son champ pour l’ensemencer. Le prince observa que lorsque le fermier labourait le champ, il exposait et tuait de nombreux vers et insectes dans le sol, ce qui fit naître chez le prince une grande sensation de compassion pour ces petites créatures. Sans compter que, dans le monde d’aujourd’hui, de nombreux agriculteurs utilisent des pesticides pour protéger leurs cultures, ce qui constitue un acte délibéré de meurtre.
Un autre point à prendre en considération dans notre monde est l’impact de la consommation de viande sur l’environnement. Le changement climatique et la déforestation sont des sources de souffrance tant pour les humains que pour les animaux.
Il n’y a pas de réponse unique et simple dans ce débat, mais nous devons veiller à agir de la manière la plus éthique possible et avec compassion et accepter que d’autres aient des opinions différentes des nôtres en la matière.