L’esprit est difficile à contrôler ; avec rapidité et légèreté, il s’évade et atterrit où il le désire. Il est bon d’apprivoiser l’esprit, car un esprit bien apprivoisé est une source de bonheur.
L’histoire d’un certain Bhikkhu
Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 35, en référence à un certain bhikkhu.
Un jour, soixante bhikkhus, après avoir obtenu du Bouddha un sujet de méditation, se rendirent au village de Matika, au pied d’une montagne. Là, Matikamata, la mère du chef du village, leur offrit de la nourriture ; elle construisit également un monastère pour eux, afin qu’ils puissent rester dans le village pendant la saison des pluies (Vassa*). Un jour, elle demanda au groupe de bhikkhus de lui enseigner la pratique de la méditation. Ils lui apprirent à méditer sur les trente-deux constituants du corps, ce qui l’a amenée à prendre conscience de la décomposition et de la dissolution du corps. Matikamata pratiqua avec diligence et atteignit le troisième stade de l’Éveil en même temps que la clairvoyance et autres pouvoirs surnaturels, avant même que les bhikkus ne les atteignent.
Sortant de la béatitude d’absorption profonde, elle regarda avec la vision surnaturelle et vit que les bhikkus n’avaient encore atteint aucun des stades de l’Éveil. Elle réalisa aussi que ces bhikkhu avaient suffisamment de potentiel pour atteindre l’Éveil, mais qu’ils avaient besoin d’une alimentation adéquate. Elle leur prépara donc une nourriture de choix. Avec une bonne nourriture et un effort approprié, les bhikkhus développèrent un haut niveau de concentration et finalement atteignirent l’Éveil.
À la fin de la saison des pluies, les bhikkus retournèrent au monastère de Jetavana, où le Bouddha était en résidence. Ils lui rapportèrent qu’ils étaient tous en bonne santé, qu’ils avaient vécu dans des conditions confortables et qu’ils n’avaient pas eu à se soucier au sujet de la nourriture. Ils parlèrent également de Matikamata, qui était consciente de leurs pensées et qui leur préparait et offrait la nourriture qu’ils souhaitaient.
Un certain bhikkhu, en les entendant parler de Matikamata, décida d’aller à Matika. Ainsi, après avoir pris un sujet de méditation du Bouddha, il arriva au monastère du village. Là, il découvrit que tout ce qu’il souhaitait lui était envoyé par Matikamata. Quand il souhaitait qu’elle vienne, elle arrivait au monastère, apportant avec elle une nourriture de choix. Un jour, il lui demanda si elle connaissait les pensées des autres, mais elle éluda sa question et répondit : « Les gens qui peuvent lire les pensées des autres se comportent de telle ou telle manière ». Puis, le bhikkhu se dit : « Si, comme un homme ordinaire, je devais avoir une pensée impure, elle le découvrirait certainement ». Il prit peur de Matikamata et décida de retourner au monastère de Jetavana. Il dit au Bouddha qu’il ne pouvait pas rester au village de Matika car il avait peur que Matikamata ne détecte en lui des pensées impures. Le Bouddha lui demanda de n’observer qu’une seule chose, contrôler son esprit. Le Bouddha dit également au bhikkhu de retourner au monastère du village de Matika, et de ne penser à rien d’autre que l’objet de sa méditation. Le bhikkhu retourna au village. Matikamata lui offrit de la bonne nourriture comme elle l’avait fait pour les autres bikkhus, afin qu’il puisse pratiquer la méditation sans inquiétude. En peu de temps, lui aussi atteignit l’Éveil.
Puis le Bouddha dit :
L’esprit est difficile à contrôler ; avec rapidité et légèreté, il s’évade et atterrit où il le désire. Il est bon d’apprivoiser l’esprit, car un esprit bien apprivoisé est une source de bonheur.
* Vassa : retraite annuelle de trois mois, observée par les moines bouddhistes, elle a lieu pendant la saison des pluies.
Quelques réflexions …..
Lorsque l’esprit veut quelque chose, il le poursuit sans se soucier de savoir si c’est bien ou mal, éthique ou non, ou si cette poursuite lui fera du mal ou fera souffrir d’autres personnes. Plutôt que d’essayer de contrôler ces tendances, le Bouddha dit que nous devons cultiver notre esprit, observer ces penchants et les voir pour ce qu’ils sont, voir comment ils nous font souffrir et font souffrir les autres. En nous identifiant à nos émotions, nous leur donnons de la force, mais en observant calmement comment elles viennent et partent, elles cessent de nous faire souffrir. On ne peut pas les stopper en se battant contre elles. Nous pouvons entraîner l’esprit à comprendre ce qui est à son avantage ou à son détriment. Cet entraînement conduit à un esprit docile, heureux et paisible qui ne fait pas concurrence aux autres, ne trompe pas les autres, ne ment pas, etc.