Verset 133 : Ne parlez à personne avec dureté ; ceux à qui l’on parle ainsi riposteront. Pleines de souffrances, vraiment, sont les paroles coléreuses. L’échange de coups peut vous meurtrir.
Verset 134 : Rester calme et tranquille comme un gong brisé qui ne résonne plus quand on vous parle durement est un signe de libération.
L’histoire du Vénérable Kondadhana
Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça les versets 133 et 134, en référence au Vénérable Kondadhana.
Depuis le jour de son ordination Kondadhana, l’image d’une femme le suivait. Cette image était vue par les autres, mais Kondadhana lui-même ne la voyait pas et ne le savait pas.
Lorsqu’il mendiait sa nourriture, les gens lui offraient deux cuillères en disant : « Ceci est pour vous, Vénérable, et ceci est pour votre compagne ». En voyant le bhikkhu se promener avec une femme, les gens se rendirent chez le roi Pasenadi de Kosala et lui parlèrent du bhikkhu et de la femme. Ils dirent au roi : « O roi ! Chasse de ton royaume le bhikkhu, qui manque de vertus morales. » Le roi se rendit donc au monastère où vivait ce bhikkhu.
Entendant des bruits et des voix, les bhikkus sortirent, l’image de la femme était là aussi, près du bhikkhu. Sachant que le roi était venu, le bhikkhu entra dans la pièce pour l’attendre. Quand le roi entra dans la pièce, l’image n’était pas là. Le roi demanda au bhikkhu où se trouvait la femme et il répondit qu’il ne voyait pas de femme. Le roi voulait s’en assurer et il demanda au bhikkhu de quitter la pièce. Le bhikkhu quitta la pièce, mais quand le roi regarda dehors, de nouveau, il vit la femme près du bhikkhu. Quand le bhikkhu revint dans la chambre, la femme était introuvable. Le roi conclut que la femme n’était pas réelle et que le bhikkhu devait donc être innocent. Il invita donc le bhikkhu à venir au palais tous les jours pour mendier sa nourriture.
D’autres bhikkus entendirent parler de cette histoire, ils étaient perplexes et dirent au bhikkhu : « O bhikkhu sans morale ! Maintenant que le roi, au lieu de te chasser de son royaume, t’a invité à venir mendier ta nourriture, tu es condamné ! » Le bhikkhu de son côté rétorqua : « Il n’y a que vous qui n’avez pas de morale ; il n’y a que vous qui êtes condamnés parce que vous êtes ceux qui fréquentent les femmes ! »
Les bhikkhus alors rapportèrent l’affaire au Bouddha. Le Bouddha fit venir Kodadadhana et lui dit : « Mon fils, avez-vous vu une femme avec les autres bhikkus à qui vous avez parlé ainsi ? Vous n’avez pas vu aucune femme avec eux, mais ils en ont vu une avec vous. Je vois que vous ne vous rendez pas compte que vous avez été maudit à cause d’une mauvaise action que vous avez commise dans une existence passée. Maintenant, écoutez, je vais vous expliquer pourquoi vous avez une image d’une femme qui vous suit. »
« Vous étiez un déva dans votre dernière existence. À cette époque, il y avait deux bhikkhus qui étaient très attachés l’un à l’autre. Mais vous avez essayé de créer des problèmes entre les deux, en prenant l’apparence d’une femme et en suivant l’un des bhikkus. Pour cette mauvaise action, vous êtes maintenant suivi par l’image d’une femme. Alors, mon fils, à l’avenir, ne discutez plus avec les autres bhikkhus ; gardez le silence comme un gong brisé et vous réaliserez Nibbana ».
Ne parlez à personne avec dureté ; ceux à qui l’on parle ainsi riposteront. Pleines de souffrances, vraiment, sont les paroles coléreuses. L’échange de coups peut vous meurtrir.
Rester calme et tranquille comme un gong brisé qui ne résonne plus, quand on vous parle durement est un signe de libération.
Quelques réflexions …..
Se trouver traité injustement, accusé, critiqué sur la base d’idées fausses n’est pas une situation rare, mais nous pouvons contrôler la façon dont cela nous affecte. Ce genre de situation peut provoquer de la colère et de l’aversion, mais les mots de colère ne sont pas la solution car ils finissent par nous nuire et nuire aux autres. La patience et le silence sont souvent la meilleure réponse si nous ne pouvons pas trouver de preuve que nous n’avons pas fait ce qui nous est reproché.
Mais il faut aussi veiller à ce que les accusations et les reproches envers les autres soient justifiés, justes et honnêtes plutôt que fondés sur des idées fausses, même si, comme dans ce cas, il est parfois impossible de les éviter.