De même qu’avec son bâton le bouvier pousse les bœufs vers l’étable, de même la vieillesse et la mort poussent devant elles la vie des hommes.
L’histoire de quelques dames observant l’Uposatha*
Un jour, cinq cents femmes de Savatthi se rendirent au monastère de Pubbarama pour le jour d’Uposatha*. La donatrice du monastère, Visakha, demanda à des femmes de différents âges pourquoi elles étaient venues pour célébrer le jour d’observance. Elle obtint des réponses différentes selon l’âge. Les vieilles dames étaient venues au monastère pour célébrer le sabbat dans l’espoir de gagner les richesses et la gloire des dévas dans leur prochaine existence ; les dames d’âge moyen étaient venues au monastère parce qu’elles voulaient échapper au contrôle de leurs maris. Les jeunes femmes mariées étaient venues parce qu’elles voulaient que leur premier-né soit un fils et les jeunes femmes non mariées étaient venues parce qu’elles voulaient se marier avec de bons maris.
Ayant obtenu ces réponses, Visakha emmena toutes ces dames voir le Bouddha. Lorsqu’elle lui raconta comment les réponses des femmes variaient selon leur âge, le Bouddha dit : « Visakha ! la naissance, le vieillissement et la mort sont toujours pertinents chez les êtres ; parce qu’on naît, on est sujet au vieillissement et à la décrépitude, et finalement à la mort. Pourtant, elles ne souhaitent pas se libérer de la ronde des existences (samsara**) ; elles souhaitent toujours s’attarder dans le samsara ».
De même qu’avec son bâton le bouvier pousse les bœufs vers l’étable, de même la vieillesse et la mort poussent devant elles la vie des hommes.
*Uposatha (sanskrit : Upavasatha) est un jour d’observance bouddhiste, qui existe depuis l’époque du Bouddha (600 avant J.-C.) et qui est encore pratiqué aujourd’hui. Le Bouddha a enseigné que le jour de l’Uposatha est destiné à « nettoyer l’esprit souillé », ce qui entraîne un calme et une joie intérieure.
**Samsara cycle des renaissances successives qui concerne des êtres non-éveillés. Ces êtres sont pris dans le flux du samsara, perpétué par l’accumulation du karma.
Quelques réflexions …..
Les raisons données par les femmes ne sont pas les bonnes raisons de pratiquer, elles ne sont pas mauvaises ou malsaines mais elles sont limitées. Ces femmes voulaient une étape, puis l’étape suivante …. en espérant que l’étape suivante leur apporterait le bonheur et pourtant elles pouvaient constater que lorsqu’elles étaient à l’étape souhaitée, le bonheur qu’elles avaient espéré n’était pas au rendez-vous. Elles continuaient d’étape en étape jusqu’à ce que la seule chose à espérer soit une autre vie qui leur apporterait très probablement les mêmes déceptions, le même stress et la même souffrance.
La méditation nous aide à voir clairement ce qui est agréable et ce qui est désagréable, ce qui est bon et ce qui est mauvais. Elle nous aide également à voir que les choses auxquelles nous nous accrochons sont instables, insatisfaisantes et incontrôlables donc elles ne peuvent pas être la source d’un bonheur durable.
Nous pouvons aussi voir que nos attachements ne sont pas rationnels car les choses auxquelles nous nous accrochons nous font souffrir à long terme ; elles disparaissent et nous laissent de plus en plus sur notre faim, donc déçus. Par conséquent, le bonheur durable ne peut pas être le résultat de l’obtention de ce que nous aimons et de l’éloignement de ce que nous n’aimons pas, et la seule façon d’atteindre le bonheur que nous souhaitons est de renoncer au désir et de changer notre attitude mentale.