Dhammapada Versets 419-420

J’appelle un brahmana*, celui qui connaît tout ce qui concerne la mort et la renaissance des êtres, sans attachements, il comprend les Quatre Nobles Vérités.

J’appelle brahmana celui dont la destinée n’est ni connue par les dévas, les gandhabbas** ou par les hommes. C’est celui dont les souillures sont éradiquées et qui a atteint l’Éveil.

*brahmane ou brahmana dans ce chapitre signifie celui qui est déterminé à atteindre l’Éveil ou qui en est proche.

** les musiciens célestes de la cour d’Inda.

L’histoire de Thera Vangisa

Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça les versets 419 et 420 à propos de Thera Vangisa.

Autrefois, à Rajagaha, il y avait un brahmane du nom de Vangisa qui, en tapant simplement sur le crâne d’un mort, pouvait dire si celui-ci était rené dans le monde des dévas, des êtres humains ou dans l’un des quatre mondes inférieurs (apayas). Les brahmanes emmenèrent Vangisa dans de nombreux villages et les gens affluèrent vers lui et le payèrent de larges sommes pour qu’il leur dise où leurs différents parents morts étaient renés.

Un jour, Vangisa et son groupe arrivèrent à un endroit non loin du monastère de Jetavana. Voyant ces gens qui se rendaient auprès du Bouddha, les brahmanes les invitèrent à venir voir Vangisa qui pourrait leur dire où leurs proches étaient renés. Mais les disciples du Bouddha leur dirent :  » Notre maître est un sans rival, il est l’Éveillé.  » Les brahmanes prirent cette déclaration comme un défi et emmenèrent Vangisa avec eux au monastère de Jetavana pour rivaliser avec le Bouddha. Celui-ci connaissant leur intention, demanda aux bhikkhus d’apporter les crânes d’une personne renée dans niraya (enfer), d’une personne renée dans le monde animal, d’une personne renée dans le monde humain, d’une personne renée dans le monde deva et aussi le crâne d’une personne qui avait atteint l’Éveil. Les cinq crânes furent ensuite placés en ligne. Lorsqu’on montra ces crânes à Vangisa, il put dire où les propriétaires des quatre premiers crânes étaient renés, mais lorsqu’il arriva au crâne de l’arahat, il ne sut plus quoi faire. Alors le Bouddha a dit : « Vangisa, ne sais-tu pas ? Je sais où se trouve le propriétaire de ce crâne. » Vangisa demanda alors au Bouddha de lui donner l’incantation magique (mantra) par laquelle il pouvait ainsi savoir ; mais le Bouddha lui répondit que le mantra ne pouvait être donné qu’à un bhikkhu. Vangisa demanda alors aux brahmanes d’attendre à l’extérieur du monastère pendant qu’on lui enseignait le mantra. Ainsi, Vangisa devint un bhikkhu et, en tant que tel, il reçut du Bouddha l’instruction de contempler les trente-deux constituants du corps. Vangisa pratiqua assidûment la méditation selon les instructions du Bouddha et atteignit l’Éveil en peu de temps.

Lorsque les brahmanes qui attendaient à l’extérieur du monastère vinrent demander à Vangisa s’il avait acquis le mantra, celui-ci dit : « Vous feriez mieux de partir maintenant ; quant à moi, je ne vais plus vous accompagner. » Certains bhikkhus qui l’entendirent pensèrent qu’il racontait des mensonges, ils allèrent donc voir le Bouddha et dirent :  » Vénérable Seigneur ! Vangisa prétend faussement avoir atteint l’Éveil. » Celui-ci répondit : « Bhikkhus ! Vangisa connaît réellement la mort et la renaissance des êtres. »

Puis le Bouddha dit :

J’appelle un brahmana*, celui qui connaît tout ce qui concerne la mort et la renaissance des êtres, sans attachements, il comprend les Quatre Nobles Vérités.

J’appelle brahmana celui dont la destinée n’est ni connue par les dévas, les gandhabbas** ou par les hommes. C’est celui dont les souillures sont éradiquées et qui a atteint l’Éveil.

Quelques réflexions …..

Les quatre nobles vérités sont les principes fondamentaux du bouddhisme, qui suscitent une prise de conscience de la souffrance en tant que nature de l’existence, de sa cause et de la façon dont nous pouvons y échapper. Les Quatre Nobles vérités ont conduit à l’Éveil du Bouddha et constituent la base de ses enseignements.

Les quatre nobles vérités sont les suivantes :

La vie est souffrance

La cause de la souffrance est l’envie

La fin de la souffrance vient avec la fin du désir.

Il existe un chemin qui permet de s’éloigner du désir et de la souffrance.

Le chemin auquel fait allusion la quatrième vérité est l’Octuple Sentier qui sert à la fois de guide sur la route du non-attachement et de route  elle-même. Les préceptes informent le voyageur sur  la manière de procéder et lui fournissent le chemin à travers la discipline spirituelle.

Les huit facteurs de l’Éveil sont les suivants

la vue juste

L’intention juste

La parole juste

Action juste

Le mode de vie juste

Effort juste

Attention juste

Concentration juste

En reconnaissant les quatre nobles vérités et en suivant l’Octuple Sentier, une personne peut se libérer de l’envie et de l’attachement aux choses du monde et s’affranchir du cycle sans fin de la souffrance que représentent la renaissance et la mort.