J’appelle un brahmana* celui qui ne s’attache ni au passé, ni au futur, ni au présent. Il est libre de souillures mentales. Aucun objet ne peut l’attacher.
*brahmane ou brahmana dans ce chapitre signifie celui qui est déterminé à atteindre l’Éveil ou qui en est proche.
L’histoire de Vénérable Dhammadinna
Alors qu’il résidait au monastère de Veluvana, le Bouddha prononça le verset 421 en référence au Vénérable Dhammadinna.
Une fois, il y avait un disciple laïc du Bouddha nommé Visakha à Rajagaha. Après avoir entendu les discours du Bouddha à maintes reprises, Visakha atteignit le premier stade de l’Éveil et il dit à sa femme : « S’il te plaît, accepte tous mes biens ; à partir d’aujourd’hui, je ne prendrai part à aucune des affaires de la maison. » Elle lui demanda alors la permission d’entrer dans l’ordre du Bouddha et devint une bhikkhuni (nonne). Puis elle se rendit dans un monastère dans un petit village en compagnie d’autres bhikkhunis pour pratiquer la méditation. En peu de temps, elle atteignit L’Éveil et revint à Rajagaha.
Visakha, apprenant que Dhammadinna était de retour, alla la voir et lui posa quelques questions. Lorsqu’il l’interrogea sur les stades de l’Éveil elle répondit : » O disciple laïc ! Cette question est hors de ta portée ; si tu veux, tu peux aller demander au Bouddha. » Lorsque Visakha interrogea celui-ci il répondit : » Dhammadinna a déjà répondu à ta question. Si tu me le demandes, je te donnerai la même réponse. » En disant cela, le Bouddha confirma le fait que Dhammadinna avait atteint l’Éveil.
Puis le Bouddha dit :
J’appelle un brahmana* celui qui ne s’attache ni au passé, ni au futur, ni au présent. Il est libre de souillures mentales. Aucun objet ne peut l’attacher.
Quelques réflexions …..
Le concept de temps est une chose que nous prenons rarement le temps d’examiner. Le temps est une création humaine. Lorsque nous disons avec assurance « Je me souviens…. », ce que nous avons en tête est en fait une version déformée des événements qui se sont produits à un moment donné. Le passé a disparu. Le futur n’est qu’une imagination, une construction mentale. Le présent, cependant, est quelque chose que nous sommes généralement catégoriques sur le fait que nous pouvons le connaître, mais où trouver un « présent » ? Le présent est un flux, nous ne pouvons pas le connaître car au moment où nous pensons « Je connais le présent », il est déjà passé. Mais aussi, d’un point de vue bouddhiste, où peut-on trouver un moi séparé qui rencontre le présent ?
Ces considérations sur le temps peuvent sembler très philosophiques et déconcertantes, mais être attaché au passé est quelque chose que nous ne connaissons que trop bien. Cela peut causer de grandes souffrances. Nous avons des regrets, des manques, de la culpabilité, de la nostalgie. L’attachement au futur peut aussi causer de la souffrance, nous imaginons par exemple obtenir une promotion, ou partir en vacances dans un endroit exotique, nous sommes excités par cette perspective et pour une raison imprévue, cela ne se produit pas. Nous nous sentons lésés, pleins de ressentiment, déprimés, découragés.
En étant ouvert à la réalité telle qu’elle est maintenant, sans s’attacher au passé ou au futur, on évite cette souffrance et on devient plus stable et plus heureux.