Dhammapada Verset 415

J’appelle brahmana* celui qui, en ce monde, a renoncé aux plaisirs sensuels et qui, quittant la vie domestique, est devenu un bhikkhu ; celui qui a éradiqué les désirs sensuels et est parvenu à la fin de l’existence.

*brahmane ou brahmana dans ce chapitre signifie celui qui est déterminé à atteindre l’Éveil ou qui en est proche.

L’histoire de Vénérable Sundarasamudda

Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 415 en référence à Vénérable Sundarasamudda.

Sundarasamudda était le fils d’un homme riche de Savatthi. Après être entré dans l’Ordre, il partit à Rajagaha, qui se trouvait à quarante-cinq yojanas (1 yojana = 12 km) de Savatthi, pour pratiquer la méditation. Un jour, il y eut des festivités à Savatthi, leur fils étant absent manquait beaucoup à ses parents; ils se sentirent également désolés parce qu’il ne participait pas à la fête et ils pleurèrent. Alors qu’ils pleuraient, une courtisane vint les voir et leur demanda ce qui se passait. En entendant parler de leur fils, la courtisane leur dit : « Si je pouvais faire en sorte que votre fils quitte l’Ordre et retourne à la vie de laïc, comment me récompenseriez-vous ? » Les parents répondirent qu’ils la rendraient riche. La courtisane demanda alors une grosse somme d’argent et partit pour Rajagaha avec un certain nombre de compagnes.

À Rajagaha, elle loua une maison avec des pinacles sur la route où Vénérable Sundarasamudda venait mendier de la nourriture. Elle prépara de bons repas et l’attendit. Les premiers jours, elle offrit l’aumône au Vénérable à la porte de sa maison. Plus tard, elle l’invita à entrer. Pendant ce temps, elle payait des enfants pour qu’ils viennent jouer devant la maison à l’heure où le Vénérable faisait sa tournée d’aumônes. Cela lui donna l’excuse que c’était très poussiéreux et bruyant au rez-de-chaussée ; utilisant cette excuse, elle invita le Vénérable à monter au dernier étage pour lui donner de la nourriture. Le Vénérable accepta et monta et dès qu’il fut entré dans la pièce, la courtisane ferma la porte. Puis elle commença à séduire le Vénérable. Elle dit au Vénérable : « Vénérable Seigneur ! S’il vous plaît, soyez mon jeune et énergique mari, et je serai votre épouse bien-aimée. Après notre longue et heureuse vie conjugale, nous pourrons tous deux entrer dans l’Ordre et faire de notre mieux pour atteindre le Nibbana. » En entendant ces mots, le Vénérable réalisa soudain son erreur et s’alarma. Il se dit alors à lui-même : « En étant négligent et inattentif, j’ai commis une grande erreur. »

À cet instant, le Bouddha vit de sa Chambre parfumée ce qui arrivait à Vénérable Sundarasamudda à Rajagaha. Il appela le Vénérable Ananda et lui dit : « Ananda ! À l’étage supérieur d’un bâtiment à pinacles de Rajagaha, une lutte se déroule actuellement entre Sundarasamudda et une courtisane ; mais le Vénérable sera le vainqueur. » Après avoir dit cela à Ananda, le Bouddha envoya son rayon de lumière vers le Vénérable, il lui fit sentir sa présence et dit :  » Mon fils ! Sois résolu et débarrasse-toi de l’amour des richesses et des plaisirs sensuels. »

Puis le Bouddha dit :

J’appelle brahmana* celui qui, en ce monde, a renoncé aux plaisirs sensuels et qui, quittant la vie domestique, est devenu un bhikkhu ; celui qui a éradiqué les désirs sensuels et est parvenu à la fin de l’existence.

À la fin du discours, le Vénérable atteignit l’Éveil et, grâce à un pouvoir supranormal, passa par le toit dans le ciel et se rendit auprès du Bouddha.

Quelques réflexions …..

Parfois, nous voyons comment les autres sont influencés par les copains, les collègues, la publicité etc.  mais, il y a un endroit où nous ne voyons pas souvent l’influence, c’est en nous-mêmes. Souvent, parce que nous n’en sommes pas conscients et nous ne voyons pas comment cela change notre comportement. L’effet qu’elle a n’est pas aussi simpliste que nous pourrions le croire. Nous avons souvent tendance à penser que l’influence est synonyme de conformité ou d’imitation, que les gens font la même chose que les autres. C’est parfois le cas, mais les gens se différencient tout aussi souvent et la plupart du temps ils font les deux simultanément. Ils veulent se distinguer de manière optimale, c’est-à-dire être semblables mais différents. Nous pouvons agir sous l’influence de motivations parfois apparemment contradictoires.

Nous avons cette idée qu’être influencé est mauvais, et effectivement il y a des cas où être influencé est néfaste, mais il y a tout autant de cas où être influencé est utile. Les autres fournissent souvent des informations utiles qui nous aident à prendre des décisions meilleures et plus rapides. Ils nous aident également à nous motiver. Par exemple, dans un monastère, les moines s’influencent mutuellement et s’entraident dans leur pratique. Cependant, la clé est d’être vigilant et de savoir par qui nous sommes influencés et si nos actions sont en accord avec notre éthique et notre pratique.