Je l’appelle un brahmana*, qui, comme la lune dans un ciel sans nuage, est pur, calme et serein, et en qui le désir d’exister est éteint.
*brahmane ou brahmana dans ce chapitre signifie celui qui est déterminé à atteindre l’Éveil ou qui en est proche.
L’histoire de Thera Candabha
Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 413 à propos de Thera Candabha.
Candabha avait, dans une existence antérieure, fait des offrandes de bois de santal à une stupa où étaient enchâssées les reliques du Bouddha Kassapa**. Pour cette bonne action, il renaquit dans une famille de brahmanes à Savatthi. Il naquit avec un signe distinctif, un cercle de lumière rayonnant autour de son nombril. Comme ce cercle de lumière ressemblait à la lune, il fut connu sous le nom de Candabha. Certains brahmanes, profitant de cette caractéristique inhabituelle, le mirent sur un chariot et l’emmenèrent dans toute la ville pour l’exposer et seuls ceux qui payaient de larges sommes étaient autorisés à le toucher. Un jour, ils s’arrêtèrent à un endroit situé entre la ville et le monastère de Jetavana. Ils dirent aux ariyas(êtres nobles) qui se rendaient au monastère de Jetavana,: « A quoi bon aller voir le Bouddha et écouter ses discours ? Il n’y a personne qui soit aussi puissant que Candabha. Celui qui le touche deviendra riche ; pourquoi ne viens-tu pas voir ? ». Les ariyas leur répondirent alors : » Seul notre maître est puissant ; il est sans égal et incomparable. «
Puis les brahmanes emmenèrent Candabha au monastère de Jetavana pour qu’il se mesure au Bouddha. Mais lorsque Candabha se trouva en présence du Bouddha, l’anneau de lumière s’éteignit de lui-même. Lorsque Candabha s’éloigna du Bouddha, l’anneau de lumière revint automatiquement ; il disparut à nouveau lorsqu’il fut ramené en présence du Bouddha. Candabha demanda alors au Bouddha de lui donner le mantra (paroles incantatoires) qui ferait disparaître l’anneau de lumière autour de son nombril. Le Bouddha lui répondit que le mantra ne pouvait être donné qu’à un membre de son Ordre. Candabha dit aux brahmanes qu’il recevrait un mantra du Bouddha et qu’après avoir maîtrisé le mantra, il serait la plus célèbre personne de tout Jambudipa. Les brahmanes l’attendirent à l’extérieur du monastère.
Pendant ce temps, Candabha devint un bhikkhu. Il reçut l’ordre de contempler le corps, c’est-à-dire de réfléchir à la répulsion et à l’impureté des trente-deux constituants du corps. En quelques jours, Candabha atteignit l’Éveil. Lorsque les brahmanes qui attendaient à l’extérieur du monastère vinrent lui demander s’il avait acquis le mantra, Candabha répondit. « Vous feriez mieux de rentrer chez vous maintenant ; quant à moi, je ne suis plus en mesure de vous accompagner ». Certains bhikkhus, l’entendant, se rendirent auprès du Bouddha et dirent : » Candabha prétend à tort qu’il a atteint l’Éveil. » Le Bouddha répondit : » Candabha dit la vérité ; il a éradiqué toutes les souillures mentales. «
Puis le Bouddha dit :
Je l’appelle un brahmana*, qui, comme la lune dans un ciel sans nuage, est pur, calme et serein, et en qui le désir d’exister est éteint.
** Bouddha Kassapa : l’un des sept bouddhas antiques qui ont précédé Gautama Bouddha, le bouddha historique.
Quelques réflexions …..
La méditation sur le corps désigne une méditation bouddhiste traditionnelle par laquelle trente et une parties du corps sont contemplées de diverses manières. Outre le développement du sati (pleine conscience) et du samādhi (concentration), cette forme de méditation est considérée comme propice à la maîtrise du désir et de la lubricité. Avec la contemplation des cimetières, ce type de méditation est l’une des deux méditations sur « l’immonde »/le manque d’attrait du corps.
« tout comme si un sac avec des ouvertures aux deux extrémités était plein de diverses sortes de grain — blé, riz, fèves, haricots, graines de sésame, riz décortiqué — et qu’un homme à la bonne vue, en le versant, devait se dire, ‘Ceci est du blé. Ceci est du riz. Ça, c’est des fèves. Ça, c’est des haricots. Ça, c’est des graines de sésame. Ceci est du riz décortiqué,’ de la même manière, moines, un moine réfléchit sur ce corps-même de la plante de ses pieds en montant, du sommet du crâne en descendant, enrobé de peau et plein de diverses sortes de choses souillées: ‘Dans ce corps, il y a des cheveux, des poils, des ongles, des dents, de la peau, de la chair, des tendons, des os, de la moelle osseuse, des reins, un cœur, un foie, une plèvre, une rate, des poumons, un gros intestin, un petit intestin, une gorge, des fèces, de la bile, du flegme, du pus, du sang, de la sueur, du gras, des larmes, du gras sébacé, de la salive, du mucus, de la synovie, de l’urine. »
Cette méditation est expliquée dans le Maha-satipatthana Sutta. Le but est d’affaiblir et éventuellement d’éliminer notre attachement et identification avec ce corps qui va finir par devenir malade et mourir.