Dhammapada Verset 410

Celui que j’appelle un brahmana, n’a aucun désir, ni pour ce monde ni pour l’autre, il est libre de toute envie et de toute souillure mentale.

*brahmane ou brahmana dans ce chapitre signifie celui qui est déterminé à atteindre l’Éveil ou qui en est proche.

L’histoire de Vénérable Sariputta

Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 410 à propos de Vénérable Sariputta.

Un jour, Vénérable Sariputta, accompagné de cinq cents bhikkhus, se rendit dans un monastère situé près d’un petit village pour y passer la retraite de vassa**. À la fin du vassa, Vénérable Sariputta avait besoin de robes pour les jeunes bhikkhus et des samaneras. Il dit donc aux bhikkhus : « Si des gens viennent offrir des robes, envoyez-les moi ou informez-moi » ; puis il partit pour le monastère de Jetavana pour rendre hommage au Bouddha. Certains bhikkhus comprirent mal ses instructions et dirent au Bouddha :  » Vénérable Seigneur ! Vénérable Sariputta est encore attaché aux choses matérielles comme les robes et autres accessoires d’un bhikkhu. »

Le Bouddha répondit : « Bhikkhus ! Mon fils Sariputta n’a plus de désir en lui. Il vous a dit de lui apporter les robes, afin que les chances d’accomplir des actes méritoires ne diminuent pas pour les disciples laïcs, et que les chances d’accepter ce qu’ils peuvent recevoir correctement ne soient pas réduites pour les jeunes bhikkhus et samaneras (novices). »

Puis le Bouddha dit :

Celui que j’appelle un brahmana, n’a aucun désir, ni pour ce monde ni pour l’autre, il est libre de toute envie et de toute souillure mentale.

** Vassa : retraite annuelle de trois mois observée par les moines bouddhistes, elle a lieu pendant la saison des pluies.

Quelques réflexions …..

Le désir et l’avidité sont des choses dont nous parlons rarement ouvertement mais qui motivent la plupart de nos pensées, de nos paroles et de nos actions jusqu’à ce que nous commencions à nous demander « où cela me mène-t-il ? suis-je  plus heureux entouré de toutes ces choses ? est-ce que je crois à tous ces compliments ? suis-je vraiment si merveilleux ? » Nous pouvons être avides de toutes sortes de choses : le pouvoir, la richesse, les positions sociales, la célébrité, la nourriture, les conquêtes amoureuses, la liste est sans fin.  Cependant, après un certain temps, nous nous rendons compte qu’aucune de ces choses ne nous rend heureux. Au contraire, l’avidité entraîne dans son sillage le stress, l’anxiété, la solitude et, souvent, des remords pour les choses que nous avons faites pour obtenir les objets de notre désir. Si nous nous arrêtons et réfléchissons à notre vie, nous réalisons que malgré tout ce que nous avons, nous en voulons davantage. C’est une quête sans fin.

L’avidité nous tient à prisonnier, mais si nous nous contentons de ce que nous avons, la porte de la prison s’ouvre, notre cœur et notre esprit deviennent plus légers, plus heureux et plus libres. C’est alors que nous commençons à comprendre que si nous ne pouvons pas nous contenter de ce que nous avons, il est peu probable que nous soyons heureux avec davantage.

Trop d’avidité apporte le malheur comme dans la fable « la poule aux œufs d’or« . Si nous voulons être heureux, contentons-nous de peu, juste assez pour vivre une vie heureuse, honnête et sans regret.