Dhammapada Verset 406

J’appelle brahmana* celui qui n’est pas hostile envers ceux qui sont hostiles, qui est paisible (c’est-à-dire qui a renoncé à l’usage de la force) envers ceux qui ont des armes, et qui est sans attachement.

*brahmane ou brahmana dans ce chapitre signifie celui qui est déterminé à atteindre l’Éveil ou qui en est proche.

L’histoire des quatre Samaneras

Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 406 en faisant référence à quatre samaneras (novices) qui étaient des Êtres Éveillés.

Un jour, la femme d’un brahmane envoya son mari au monastère de Jetavana pour inviter quatre bhikkhus pour un repas. Elle lui dit de demander spécifiquement des bhikkhus âgés qui étaient aussi de vrais brahmanas*. Mais quatre samaneras âgés de sept ans qui avaient déjà atteint l’Éveil, Samkicca, Pandita, Sopaka et Revata, furent envoyés. Lorsque sa femme vit les jeunes samaneras, elle fut très mécontente et reprocha au brahmane d’avoir amené des jeunes samaneras qui étaient plus jeunes que son petit-fils. En fait, elle était furieuse contre son mari, et elle le renvoya au monastère pour chercher des bhikkhus plus âgés. Entre-temps, elle refusa de donner aux jeunes samaneras les sièges supérieurs réservés aux bhikkhus ; on leur donna des sièges inférieurs et elle ne leur offrit pas de nourriture.

Lorsque le brahmane arriva au monastère, il rencontra le Vénérable Sariputta et l’invita à venir manger chez lui. Lorsque le Vénérable Sariputta arriva à la maison du brahmane, il vit les quatre jeunes samaneras et leur demanda si on leur avait déjà offert de la nourriture. Apprenant que les samaneras n’avaient pas encore rien reçu et que la nourriture n’avait été préparée que pour quatre personnes, le Vénérable Sariputta retourna au monastère sans accepter le repas offert chez le brahmane. Sa femme renvoya donc son mari au monastère pour qu’il aille chercher un autre bhikkhu supérieur. Cette fois, le Vénérable Maha Moggallana vint avec le brahmane, mais il retourna également au monastère sans accepter le repas lorsqu’il apprit que les jeunes samaneras n’avaient pas reçu de nourriture et que le repas n’avait été préparé que pour quatre personnes.

Les jeunes samaneras avaient faim. Sakka, roi des devas, voyant l’état des choses, prit la forme d’un vieux brahmane et se rendit à la maison du brahmane. Lui et sa femme rendirent hommage au vieux brahmane et lui offrirent un siège d’honneur, mais Sakka s’assit simplement sur le sol et rendit hommage aux quatre jeunes samaneras. Puis il révéla qu’il était Sakka. Voyant que Sakka lui-même rendait hommage aux jeunes samaneras, le couple de brahmanes offrirent un repas aux cinq. Après manger, Sakka et les samaneras manifestèrent leur pouvoir supranormal en s’élevant dans le ciel par le toit. Sakka retourna dans sa demeure céleste et les samaneras retournèrent au monastère.

Lorsque certains bhikkhus demandèrent aux jeunes samaneras s’ils ne s’étaient pas mis en colère lorsque le couple de brahmanes avait refusé de leur donner de la nourriture, ils répondirent par la négative. Les bhikkhus, ne les croyant pas, rapportèrent au Bouddha que les quatre jeunes samaneras prétendaient faussement être des Êtres Éveillés. Le Bouddha leur répondit :  » Bhikkhus, les Êtres Éveillés n’ont pas de malveillance envers ceux qui leur sont hostiles. « 

Puis le Bouddha dit :

J’appelle brahmana* celui qui n’est pas hostile envers ceux qui sont hostiles, qui est paisible (c’est-à-dire qui a renoncé à l’usage de la force) envers ceux qui ont des armes, et qui est sans attachement.

Quelques réflexions …..

Être hostile envers les personnes qui nous sont hostiles est quelque chose que nous faisons tous sans réfléchir. Cependant, lorsque nous observons ce qui se passe dans notre esprit lorsque nous sommes hostiles, nous nous rendons compte qu’il s’agit de quelque chose qui nous déprime pendant une longue période, nous stresse, nous agite et nous fait souvent perdre notre confiance en nous. Cependant, lorsque nous réalisons que nous n’avons pas besoin de répondre de cette manière lorsque les gens sont hostiles envers nous, cela nous libère. Les gens sont responsables de leur propre comportement et il n’y a aucune raison pour que nous laissions leur comportement nous affecter de quelque manière que ce soit.

Dans le verset 399, le Bouddha répond à quelqu’un qui l’insultait de manière très claire :

« O brahmane, supposons que vous ayez offert de la nourriture à des invités et qu’ils aient quitté la maison sans prendre celle-ci. Puisque les invités n’ont pas accepté votre nourriture, à qui cette nourriture appartiendrait-elle ? » Le brahmane répondit que la nourriture serait à lui. En recevant cette réponse, le Bouddha dit : « De la même manière, ô brahmane, puisque je n’accepte pas vos insultes, gardez-les elles vous appartiennent. » 

Il n’accepta pas l’insulte mais demeura calme et imperturbable.