Dhammapada Verset 404

Celui que j’appelle un brahmana*, ne s’associe ni avec les laïcs ni avec les moines, il est libre de tout désir sensuel et a peu de besoins.

*brahmane ou brahmana dans ce chapitre signifie celui qui est déterminé à atteindre l’Éveil ou qui en est proche.

L’histoire du Vénérable Tissa

Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 404 en référence à Vénérable Tissa.

Vénérable Tissa, après avoir pris un sujet de méditation auprès du Bouddha, se rendit sur le flanc d’une montagne. Il y trouva une grotte qui lui convenait et décida d’y passer les trois mois de la saison des pluies (vassa)*. Il se rendait au village pour mendier de la nourriture chaque matin. Dans ce village, il y avait une vieille femme qui lui offrait régulièrement à manger. Dans la grotte, vivait également un esprit gardien. Comme le Vénérable était un homme dont la pratique de la moralité était pure, l’esprit de la grotte n’osait pas vivre dans le même endroit que le noble moine ; mais il n’avait pas le courage de lui demander de quitter les lieux. Il réfléchit donc à un plan qui lui permettrait de trouver un défaut au Vénérable et ainsi de le faire quitter la grotte.

L’esprit de la grotte posséda le fils de la vieille femme de la maison où le Vénérable avait pris l’habitude d’aller chercher sa nourriture. Il fit en sorte que le garçon se comporte d’une manière très particulière, jetant la tête en arrière et roulant ses yeux grands ouverts. Sa mère, alarmée, était en larmes. L’esprit qui possédait le garçon, dit alors : « Que ton maître, le Vénérable, se lave les pieds avec de l’eau et verse cette eau sur la tête de ton fils. » Le lendemain, lorsque le Vénérable vint chez elle pour mendier sa nourriture, elle fit ce que lui avait conseillé l’esprit et le garçon fut laissé en paix. L’esprit retourna dans la grotte et attendit à l’entrée le retour du Vénérable. Lorsque le moine revint de de mendier sa nourriture, l’esprit se révéla et dit :  » Je suis l’esprit qui garde cette grotte. O toi, médecin, n’entre pas. » Le Vénérable savait qu’il avait mené une vie pure depuis le jour où il était devenu moine, il répondit donc qu’il ne se souvenait pas d’avoir pratiqué la médecine**. L’esprit l’accusa alors d’avoir guéri, le matin même, un jeune garçon possédé par un ogre dans la maison de la vieille femme. Mais le Vénérable réfléchit au fait qu’il ne pratiquait pas la médecine et il réalisa que même l’esprit ne pouvait trouver aucune autre faute à son encontre. Penser à sa propre conduite de grande intégrité lui donna une joie spirituelle intense, puis abandonnant cette joie et se concentrant sur la méditation de la vision claire, il atteignit l’Éveil à ce moment précis, alors qu’il se tenait toujours à l’entrée de la grotte.

Comme le Vénérable était maintenant devenu un Être Éveillé, il conseilla à l’esprit de quitter les lieux. Le Vénérable resta dans la grotte jusqu’à la fin du vassa, puis il retourna auprès du Bouddha. Lorsqu’il raconta aux autres bhikkhus sa rencontre avec l’esprit, ils lui demandèrent s’il ne s’était pas mis en colère contre lui lorsqu’il lui avait interdit d’entrer dans la grotte. Le Vénérable répondit par la négative mais ils ne le crurent pas. Ils allèrent donc voir le Bouddha et lui dirent : « Vénérable Tissa se prétend être un Être Éveillé ; il ne dit pas la vérité ». Le Bouddha leur répondit : « Bhikkhus, mon fils Tissa disait la vérité quand il affirmait ne pas se mettre en colère. Il a atteint l’Éveil ; il n’a plus d’attachement ; il n’a aucune occasion de se mettre en colère contre qui que ce soit, ni aucun besoin de s’associer aux autres. »

Puis le Bouddha dit :

Celui que j’appelle un brahmana, ne s’associe ni avec les laïcs ni avec les moines, il est libre de tout désir sensuel et a peu de besoins.

* Vassa : retraite annuelle de trois mois observée par les moines bouddhistes, elle a lieu pendant la saison des pluies.

** Selon le Pāṭimokkha (code monastique), les moines ne sont pas autorisés à pratiquer la médecine.

Quelques réflexions …..

Dans de nombreux versets, le Bouddha parle des vertus d’avoir des besoins modestes, de se satisfaire de peu. Nous vivons dans une société qui glorifie l’accumulation de choses ; nous nous nourrissons de consumérisme, de possessions matérielles, de désordre, de dettes, de distractions et de bruit. Ce que nous ne réalisons généralement pas, c’est que nos besoins réels sont très modestes. Lorsque nous y pensons vraiment, nous avons besoin d’une nourriture saine et d’eau potable, d’un toit et de quelques vêtements adaptés à la saison.

Les avantages de la réduction de notre consommation sont énormes L’accumulation d’objets est comme une ancre, elle nous attache. Nous sommes toujours terrifiés à l’idée de perdre toutes nos « affaires ». Lorsque nous nous débarrassons de tout ce qui nous encombre, nous ressentons une grande liberté : nous sommes libérés de l’avidité, des dettes, de l’obsession et du surmenage.

Lorsque nous passons moins de temps à acheter des choses dont nous n’avons pas besoin, nous avons plus de temps pour faire ce que nous aimons, nous dépensons moins d’argent et nous n’avons pas besoin de travailler autant. Nous avons le temps et l’énergie de penser et de réfléchir à notre vie et de faire des choses pour aider les autres.

Lorsque nous nous accrochons à des possessions matérielles, nous créons du stress car nous avons toujours  peur de perdre ces choses. En simplifiant notre vie, nous pouvons perdre notre attachement à ces choses et finalement créer un esprit calme et paisible.