Dhammapada Verset 400

Celui que j’appelle un brahmana*, est vertueux, libre de toute colère et de tout désir. Il pratique l’austérité, il est maître de ses sens. Ce corps (c’est-à-dire l’existence) sera son dernier.

*brahmane ou brahmana dans ce chapitre signifie celui qui est déterminé à atteindre l’Éveil ou qui en est proche.

L’histoire de Vénérable Sariputta

Alors qu’il résidait au monastère de Veluvana, le Bouddha prononça le verset 400 en référence au Vénérable Sariputta.

Alors que le Bouddha était en résidence au monastère de Veluvana, le Vénérable Sariputta, accompagné de cinq cents bhikkhus, entra dans le village de Nalaka et se présenta à la porte de la maison de sa propre mère pour mendier de la nourriture. Sa mère les invita à entrer. Mais alors qu’elle offrait de la nourriture à son fils, elle dit : « Ô toi, consommateur de déchets ? toi qui as abandonné quatre-vingts crores* pour devenir un bhikkhu, tu nous as ruinés. » Puis, elle offrit de la nourriture aux autres bhikkhus et leur dit grossièrement : « Vous avez tous utilisé mon fils comme un serviteur ; mangez votre nourriture. » Le Vénérable Sariputta ne répondit rien, mais il prit docilement son bol et retourna au monastère. De retour, les bhikkhus racontèrent au Bouddha comment le Vénérable Sariputta avait supporté patiemment les réprimandes et les abus de sa mère. Le Bouddha leur répondit que les êtres éveillés ne se mettent jamais en colère, ils ne perdent jamais leur sang-froid.

Puis le Bouddha dit :

Celui que j’appelle un brahmana*, est vertueux, libre de toute colère et de tout désir. Il pratique l’austérité, il est maître de ses sens. Ce corps (c’est-à-dire l’existence) sera son dernier.

* 1 crore équivaut à 10 millions

Quelques réflexions …..

La colère est une réponse aux menaces perçues. Elle entraîne la libération d’adrénaline dans le corps, la contraction des muscles, l’augmentation du rythme cardiaque et de la pression sanguine. La colère peut aussi causer de l’insomnie et de l’anxiété. Les effets physiques de la colère peuvent être désagréables, voire dangereux pour la santé, mais les effets sociaux et psychologiques le sont encore plus. Nous devenons agités, agressifs et même violents physiquement, verbalement et psychologiquement. Mais pourquoi nous mettons-nous en colère ?

La douleur seule ne suffit pas à provoquer la colère. La colère survient lorsque la douleur est associée à une pensée qui la déclenche. Les pensées susceptibles de déclencher la colère comprennent les jugements personnels, les suppositions, les évaluations ou les interprétations de situations qui font penser que quelqu’un d’autre tente (consciemment ou non) de nous nuire.

En ce sens, la colère est une émotion sociale ; nous avons toujours une cible contre laquelle notre colère est dirigée (même si cette cible est nous-même). Les sentiments de douleur, combinés aux pensées qui déclenchent la colère, nous poussent à agir, à faire face aux menaces et à nous défendre en frappant la cible qui, selon nous, nous fait souffrir.

Cependant, toutes ces explications pointent vers une chose : c’est notre compréhension et notre jugement des personnes et des situations qui provoquent la colère ; c’est donc notre attitude envers les autres et la vie en général que nous devons changer. Si nous pouvons sortir de notre vision égocentrique, les facteurs extérieurs ne peuvent plus déclencher notre colère. Cela exige une attitude de vigilance et d’interrogation : pourquoi suis-je en colère dans cette situation ? Quelles suppositions ai-je faites sur les motivations de cette personne à me parler de cette façon ? Ai-je raison ? Comment le sais-je ? Une fois que nous commençons à réaliser que la colère est la plupart du temps due à des attentes irréalistes, des suppositions non prouvées et une vision égocentrique, nous pouvons commencer à apprendre à répondre différemment, avec bienveillance et générosité.