J’appelle brahmana* celui qui, sans colère, supporte les mauvais traitements, les coups et les chaînes, et pour qui la force de la patience est comme la force d’une armée.
*brahmane ou brahmana dans ce chapitre signifie celui qui est déterminé à atteindre l’Éveil ou qui en est proche.
L’histoire des frères brahmanes injurieux
Alors qu’il résidait au monastère de Veluvana, le Bouddha prononça le verset 399 en référence aux frères brahmanes abusifs Bharadvaja.
Il y avait une fois un brahmane dont la femme avait l’habitude de laisser échapper une série de mots chaque fois qu’elle éternuait ou que quelque chose ou quelqu’un la touchait à son insu. Un jour, le brahmane invita certains de ses amis à un repas et soudain, elle laissa échapper quelques mots. Comme elle avait atteint le premier stade de l’Éveil, les mots « Namo tassa bhagavato arahato samma sambhuddassa » (Hommage au Bouddha, le Bhagavat, l’Arahant, le pleinement et parfaitement Eveillé) sortaient automatiquement de sa bouche. Ces mots de vénération envers le Bouddha étaient très mal vus par son mari, le brahmane.
Alors, en colère, il alla voir le Bouddha dans l’espoir de lui poser quelques questions difficiles. Sa première question était : » Que devons-nous tuer pour pouvoir vivre heureux et en paix ? » . Le Bouddha répondit : » O brahmane, pour pouvoir vivre heureux et en paix, il faudra tuer haine. Tuer sa haine est apprécié et loué par les Bouddhas et les Êtres Éveillés. » Après avoir entendu le Bouddha, le brahmane fut si impressionné et satisfait de la réponse qu’il demanda à entrer dans l’ordre. En conséquence, il fut ordonné et plus tard atteignit l’Éveil.
Ce brahmane avait un frère qui était très connu pour ses propos injurieux et on l’appelait Akkosaka Bharadvaja, le Bharadvaja injurieux. Lorsqu’il apprit que son frère avait rejoint l’Ordre des bhikkhus, il devint furieux. Il se rendit immédiatement au monastère et injuria le Bouddha. Celui-ci lui demanda : « O brahmane, supposons que vous ayez offert de la nourriture à des invités et qu’ils aient quitté la maison sans prendre celle-ci. Puisque les invités n’ont pas accepté votre nourriture, à qui cette nourriture appartiendrait-elle ? » Le brahmane répondit que la nourriture serait à lui. En recevant cette réponse, le Bouddha dit : « De la même manière, ô brahmane, puisque je n’accepte pas vos insultes, gardez-les elles vous appartiennent. » Akkosaka Bharadvaja réalisa instantanément la sagacité de ces paroles et il éprouva un grand respect pour le Bouddha. Il entra également dans l’Ordre et avec le temps atteignit l’Éveil.
Un soir, lors de la réunion des bhikkhus, ces derniers dirent au Bouddha : « O combien merveilleuses et grandes sont vos vertus ! Les quatre frères brahmanes sont venus ici pour vous maltraiter ; au lieu de discuter avec eux, vous leur avez fait voir la lumière, et par conséquent, vous êtes devenu un refuge pour eux. » Le Bouddha répondit : » Bhikkhus ! Parce que je suis patient et tolérant, et que je ne fais aucun mal à ceux qui me font du mal, je suis devenu un refuge pour beaucoup. »
Puis le Bouddha dit :
J’appelle brahmana celui qui, sans colère, supporte les mauvais traitements, les coups et les chaînes, et pour qui la force de la patience est comme la force d’une armée.
Quelques réflexions …..
La patience peut être définie comme la capacité d’accepter ou de tolérer un retard, un problème ou une souffrance sans s’énerver ou s’angoisser. Cela semble simple et relativement facile à faire, mais dans notre vie quotidienne, nous nous rendons compte que ce n’est pas si facile à mettre en pratique.
Lorsque nous enquêtons et que nous nous demandons quand et pourquoi nous devenons impatients, dans quelles conditions cela se produit-il ? Qu’est-ce qui déclenche l’impatience ? Nous finissons par voir que, la plupart du temps, c’est parce que nous voulons que la vie soit différente de ce qu’elle est réellement. Nous voulons que les gens soient à l’heure, nous voulons que les autres nous apprécient et nous respectent, nous voulons que les autres se comportent comme nous le pensons, etc. Lorsque nous voyons clairement et acceptons que les autres êtres ont aussi leur propre agenda, leurs propres besoins et désirs et que, comme tout le monde, nous devons nous adapter à la société, à la situation et aux circonstances, nous lâchons l’impatience et nous vivons plus harmonieusement et avec moins de stress.
La patience va de pair avec la bienveillance. Nous permettons aux autres êtres et aux circonstances d’être tels qu’ils sont, sans vouloir y superposer notre volonté, notre ego, nos désirs et nos jugements.