J’appelle un brahmana*, celui qui s’est libéré de tous les liens, qui ne connaît plus la peur, qui est au-delà des attachements et qui est libre de souillures mentales.
*brahmane ou brahmana dans ce chapitre signifie celui qui est déterminé à atteindre l’Éveil ou qui en est proche.
L’histoire d’Uggasena, le fils d’un riche.
Après avoir épousé une danseuse d’une troupe théâtrale, Uggasena (voir verset 348) fut entraîné par son beau-père qui était acrobate, et devint lui-même très habile en acrobatie. Un jour, alors qu’il faisait une démonstration de son habileté, le Bouddha arriva sur les lieux. Après avoir entendu l’enseignement du Bouddha, Uggasena atteignit l’Éveil alors qu’il était encore en train de réaliser ses prouesses au sommet d’une longue perche de bambou. Il descendit de la perche et supplia le Bouddha de l’accepter comme bhikkhu et fut ainsi admis dans l’Ordre.
Un jour, lorsque d’autres bhikkhus lui demandèrent s’il n’avait pas eu peur en descendant d’ une si grande hauteur (environ trente mètres), il répondit par la négative. Les bhikkhus pensèrent que cela signifiait qu’Uggasena prétendait avoir atteint l’Éveil. Ils allèrent voir le Bouddha et lui dirent : « Vénérable Seigneur ! Uggasena se prétend être un Être Éveillé ; il doit dire des mensonges ». Le Bouddha répondit : « Bhikkhus, celui qui a coupé toutes les entraves, comme mon fils Uggasena, n’a aucune peur ».
Puis le Bouddha dit :
J’appelle un brahmana*, celui qui s’est libéré de tous les liens, qui ne connaît plus la peur, qui est au-delà des attachements et qui est libre de souillures mentales.
Quelques réflexions …..
La peur est peut-être aussi vieille que la vie sur terre. Il s’agit d’une réaction fondamentale, profondément ancrée, qui a évolué au cours de l’histoire de la biologie pour protéger les organismes contre une menace perçue à l’encontre leur intégrité ou leur existence. La peur peut être aussi simple que le frémissement d’une antenne d’un escargot que l’on touche, ou aussi complexe que l’anxiété existentielle chez un humain.
Mais toutes les réactions de peur sont essentiellement apprises de notre environnement. Bien sûr, nous apprenons à avoir peur de situations ou d’animaux dangereux, mais nous apprenons aussi à nous sentir menacés par des mots qui ne représentent pas en eux-mêmes un réel danger. Ce qui nous fait peur n’est donc pas nécessairement le danger physique, mais la menace pour notre ego et la menace de nos attentes de la vie. Nous avons des difficultés avec l’incertitude, elle nous effraie. Lorsque nous observons notre vie et celle des autres, nous nous rendons compte que rien n’est certain, que demain peut ne jamais arriver. Nous réalisons également que la seule façon de vivre en paix est d’accepter ce fait et de s’accommoder à cette réalité humaine.