Dhammapada Verset 391

J’appelle un brahmana* celui qui ne fait aucun mal en actions, en paroles ou en pensées, il sait se maîtriser dans ces trois domaines.

*brahmane ou brahmana dans ce chapitre signifie celui qui est déterminé à atteindre l’Éveil ou qui en proche.

L’histoire de Vénérable Mahapajapati Gotami

Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 391 en référence à Vénérable Mahapajapati Gotami.

Mahapajapati Gotami était la belle-mère du Bouddha Gotama. A la mort de la reine (la mère du Bouddha), sept jours après la naissance du prince Siddhattha (le future Bouddha), Mahapajapati Gotami devint la reine en chef du roi Suddhodana (le père du Bouddha). À cette époque, son propre fils Nanda n’avait que cinq jours. Elle laissa une nourrice  prendre soin de son propre fils et allaita elle-même le prince Siddhattha, le futur Bouddha. Ainsi, Mahapajapati Gotami fut un grand bienfaiteur pour le prince Siddhattha.

Lorsque le prince Siddhattha revint à Kapilavatthu après avoir atteint l’état de Bouddha, Mahapajapati Gotami alla voir le Bouddha et demanda que les femmes soient également autorisées à entrer dans l’ordre bouddhiste en tant que bhikkhunis (nonnes), mais le Bouddha refusa. Plus tard, le roi Suddhodana mourut après avoir atteint l’Éveil. Alors que le Bouddha séjournait dans la forêt de Mahavana, près de Vesali, Mahapajapati, accompagné de cinq cents dames, vint à pied de Kapilavatthu à Vasali. Elles avaient déjà rasé leur tête et revêtu les robes jaunes. Là, pour la deuxième fois, Mahapajapati demanda au Bouddha d’accepter les femmes dans l’ordre bouddhique. Le Vénérable Ananda intercéda également en sa faveur. Le Bouddha accéda donc à cette demande, à condition que Mahapajapati respecte huit conditions spéciales (garudhammas). Mahapajapati s’engagea à observer les garudhammas comme requis et le Bouddha l’admit dans l’Ordre. Ainsi, Mahapajapati fut la première à être admise dans l’Ordre des Bhikkhunis. Les autres femmes furent admises dans l’Ordre après elle par les bhikkhus selon les instructions du Bouddha.

Au fil du temps, il est venu à l’esprit de certains bhikkhunis que Mahapajapati Gotami n’avait pas été correctement admise comme bhikkhuni parce qu’elle n’avait pas de précepteur ; par conséquent, Mahapajapati Gotami n’était pas une vraie bhikkhuni. Avec cette pensée en tête, elles cessèrent de faire les cérémonies le jour d’Uposatha* et les cérémonies du vassa** (pavarana) avec elle. Elles allèrent voir le Bouddha et lui firent part de ce problème. Le Bouddha leur répondit : « Pourquoi dites-vous cela ? J’ai moi-même donné les huit garudhammas à Mahapajapati et elle les a appris et pratiqués comme je l’avais demandé. Je suis moi-même son précepteur et il est tout à fait faux de dire qu’elle n’a pas de précepteur. Vous ne devriez pas douter la parole d’un Être Éveillé. »

* Uposatha (sanskrit : Upavasatha) est un jour d’observance bouddhiste, qui existe depuis l’époque du Bouddha (600 avant J.-C.) et qui est toujours observé aujourd’hui par les pratiquants bouddhistes.

**Vassa : retraite annuelle de trois mois, observée  par les moines bouddhistes, elle a lieu pendant la saison des pluies.

Puis le Bouddha dit :

J’appelle un brahmana celui qui ne fait aucun mal en actions, en paroles ou en pensées, il sait se maîtriser dans ces trois domaines.

Quelques réflexions …..

Ne pas faire le mal en acte, en parole ou en pensée est un but qui peut être atteint par la force de la volonté, mais cela ne nous mène pas à la libération. La seule façon d’atteindre l’innocuité et la bienveillance en tant qu’attitude permanente dans la vie est de comprendre comment les états d’esprit indésirables et néfastes pour nous-même et pour les autres se produisent : ils sont dus aux trois poisons que sont la haine, l’avidité et l’ignorance. Grâce à la méditation et à la pleine conscience, nous pouvons éradiquer ces états d’esprit, arracher leurs racines. Cela demande des efforts, de la patience et de la vigilance, mais des Êtres Nobles y sont parvenus et nous pouvons y parvenir également.