Pas même une pluie de pièces d’or ne pourrait satisfaire nos désirs insatiables. Les plaisirs des sens apportent peu de joie et beaucoup de chagrin. Sachant cela, le sage, le disciple du Bouddha, n’a plus aucun intérêt pour les plaisirs des sens, même les plus élevés. Il se réjouit de la cessation du désir (Nibbana).
L’histoire d’un jeune bhikkhu insatisfait
Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça les versets 186 et 187, en référence à un jeune bhikkhu qui était mécontent de sa vie de bhikkhu.
Il y avait un jeune bhikkhu au monastère de Jetavana. Un jour, son maître l’envoya dans un autre monastère pour étudier. Pendant son absence, son père tomba gravement malade et mourut sans le voir. Mais il lui laissa cent kahapanas* chez son frère, l’oncle du jeune homme. À son retour, son oncle l’informa de la mort de son père et lui parla des cent kahapanas qu’il lui avait laissés. Au début, le jeune bhikkhu dit qu’il n’avait pas besoin de cet argent. Plus tard, cependant, il pensa qu’il serait préférable de retourner à la vie laïque et il commença à se sentir insatisfait de sa vie de bhikkhu. Petit à petit, il commença à se désintéresser de sa vie de moine et à perdre du poids. Lorsque les autres bhikkhus réalisèrent ce qu’il se passait, ils l’emmenèrent voir le Bouddha.
Le Bouddha lui demanda s’il était vrai qu’il se sentait malheureux dans sa vie de bhikkhu et s’il avait des moyens pour retourner à une vie de laïc. Il répondit qu’il avait cent kahapanas. Le Bouddha lui expliqua alors qu’il lui faudrait se procurer de la nourriture, des vêtements, des ustensiles de ménage, deux bœufs, des charrues, des pioches, des couteaux, etc., de sorte que ses cent kahapanas suffiraient à peine à couvrir les dépenses. Le Bouddha lui dit alors que pour les êtres humains, il n’y en aura jamais assez, pas même pour les monarques universels qui peuvent demander une pluie de pièces de monnaie ou de pierres précieuses ou toute autre quantité de richesses et de trésors à tout moment. Le Bouddha, ensuite, raconta l’histoire de Mandatu, le monarque universel, qui avait joui pendant longtemps de la gloire des dévas dans les royaumes de Catumaharajika et de Tavatimsa. Après avoir passé un long moment à Tavatimsa, Mandatu souhaita un jour être le seul souverain de Tavatimsa, au lieu de le partager avec Sakka. Mais cette fois, son souhait ne put être exaucé et il devint instantanément vieux et décrépit ; il retourna dans le monde des humains et mourut peu après.
Puis le Bouddha dit :
Pas même une pluie de pièces d’or ne pourrait satisfaire nos désirs insatiables. Les plaisirs des sens apportent peu de joie et beaucoup de chagrin. Sachant cela, le sage, le disciple du Bouddha, n’a plus aucun intérêt pour les plaisirs des sens, même les plus élevés. Il se réjouit de la cessation du désir (Nibbana).
À la fin du discours, le jeune bhikkhu atteignit le premier stade de l’Éveil.
* Kahapana : une ancienne pièce de monnaie indienne, peut être en cuivre, en argent ou en or.
Quelques réflexions …..
Ce verset fait référence au plaisir des sens. Il est facile de se laisser prendre par les plaisirs sensuels. Par exemple, si nous prenons un café et un croissant le matin en allant au travail, nous nous en réjouissons et nous disons que c’est agréable. Cependant, si nous sommes attentifs, nous nous rendons compte que le plaisir est très éphémère, en quelques minutes, le café et le croissant sont consommés, il ne reste rien. En outre, lorsque nous analysons ce qui se passe pendant que nous mangeons et buvons, nous constatons que le plaisir n’est qu’une réaction du système nerveux central qui sécrète de la dopamine en réponse aux stimuli transmis par les papilles gustatives.
À partir de cette compréhension, nous pouvons voir que le plaisir est une illusion, c’est juste une expérience comme une autre, mais nous créons un narratif autour de ces expériences et nous devenons « prisonniers » de ces histoires. Nous essayons de répéter ce processus encore et encore, mais nous devenons plus raffinés parce que nous avons l’intuition que le plaisir ne dure pas alors nous essayons plutôt un croissant de cette boulangerie renommée et ensuite nous essayons d’autres sortes de plaisir et à chaque fois nous finissons par être déçus.
Lorsque nous réalisons enfin que c’est un cercle vicieux sans fin, nous abandonnons la poursuite des plaisirs des sens et nous nous sentons libérés comme si nous avions déposé un poids très lourd, nous nous sentons légers et paisibles.