Dhammapada Versets 188 – 192

Verset 188 : Lorsqu’ils sont menacés par le danger, les gens se réfugient dans toutes sortes d’endroits, – dans les montagnes, les forêts, les parcs, les jardins, et dans les sanctuaires.

Verset 189 : Mais un tel refuge n’est pas un refuge sûr, pas le meilleur refuge. Ce n’est pas le refuge qui libère de toute peur et de toute affliction.

Versets 190 & 191 : Celui qui prend refuge dans le Bouddha, le Dhamma et le Sangha, voit avec une sagesse profonde et pénétrante, les Quatre Nobles Vérités : la souffrance, sa cause, sa cessation et le Noble Sentier Octuple, la voie qui mène à la cessation de la souffrance.

Verset 192 : Ceci est le refuge sûr ; ceci est le suprême refuge. Ayant atteint ce refuge, on est libéré de toute souffrance et de toute affliction.

L’histoire d’Aggidatta

Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça les versets 188 à 192, en faisant référence à Aggidatta, un brahmane.

Aggidatta était le grand prêtre à l’époque du roi Mahakosala, père du roi Pasenadi. Après la mort du roi Mahakosala, Aggidatta fit don de ses biens par charité, puis il quitta sa maison et devint un ascète non bouddhiste. Il vécut avec ses dix mille adeptes dans un endroit proche de la frontière des trois royaumes d’Anga, Magadha et Kuru, non loin d’un monticule de sable où séjournait un puissant naga. Aggidatta avait l’habitude d’exhorter ses disciples et les habitants de ces trois royaumes :  » Rendez hommage aux forêts, aux montagnes, aux parcs et jardins, et aux arbres ; en agissant ainsi, vous serez libérés de tous les maux de la vie. « 

Un jour, le Bouddha vit Aggidatta et ses disciples dans sa vision surnaturelle et réalisa que le moment était venu pour eux d’atteindre l’Éveil. Il envoya Vénérable Maha Moggalana auprès d’Aggidatta et de ses disciples et lui dit que lui-même les suivrait prochainement. Vénérable Maha Moggalana se rendit chez Aggidatta et ses disciples et leur demanda de l’héberger pour une nuit. D’abord, ils refusèrent sa demande, mais, finalement, ils acceptèrent de le laisser passer la nuit au monticule de sable, la maison du naga. Le naga était très hostile envers le Vénérable, et il s’ensuivit un duel entre le naga et le Vénérable ; des deux côtés, il y eut une démonstration de puissance en émettant de la fumée et des flammes. Cependant, à la fin, le naga fut apprivoisé. Il s’enroula autour du monticule de sable et leva sa tête en l’étendant comme un parapluie sur Vénérable Maha Moggalana, lui témoignant ainsi son respect. Tôt, le matin, Aggidatta et les autres ascètes se rendirent au monticule de sable pour savoir si Vénérable Maha Moggalana était toujours vivant ; ils s’attendaient à le voir mort. Lorsqu’ils trouvèrent le naga apprivoisé et tenant docilement sa tête comme un parapluie sur Vénérable Maha Moggalana, ils furent très étonnés.

À ce moment-là, le Bouddha arriva et Vénérable Maha Moggallana se leva de son siège sur le monticule et se prosterna devant le Bouddha. Il proclama alors à l’audience des ascètes : « C’est mon Maître, le Bouddha suprême, et je ne suis qu’un humble étudiant de ce grand Maître ! ». En l’entendant, les ascètes qui avaient été très stupéfaits par la puissance de Vénérable Maha Moggalana furent impressionnés par la plus grande puissance du Bouddha. Le Maître demanda alors à Aggidatta ce qu’il enseignait à ses disciples et aux habitants des environs. Aggidatta répondit qu’il leur avait appris à rendre hommage aux montagnes, aux forêts, aux parcs et jardins, et aux arbres, et qu’en agissant ainsi, ils seraient libérés de tous les maux de la vie. Le Bouddha répondit :  » Aggidatta, les gens vont chercher refuge dans les montagnes, les forêts, les parcs et jardins et les arbres lorsqu’ils sont menacés par le danger, mais ces choses ne peuvent leur offrir aucune protection. Seuls ceux qui prennent refuge dans le Bouddha, le Dhamma et le Sangha sont libérés de la ronde des renaissances (samsara) ».

Puis le Bouddha dit :

Lorsqu’ils sont menacés par le danger, les gens se réfugient dans toutes sortes d’endroits, – dans les montagnes, les forêts, les parcs, les jardins, et dans les sanctuaires.

Mais un tel refuge n’est pas un refuge sûr, pas le meilleur refuge. Ce n’est pas le refuge qui libère de toute peur et de toute affliction.

Celui qui prend refuge dans le Bouddha, le Dhamma et le Sangha, voit avec une sagesse profonde et pénétrante, les Quatre Nobles Vérités* : la souffrance, sa cause, sa cessation, et le Noble Sentier Octuple, la voie qui mène à la cessation de la souffrance.

Ceci est le refuge sûr ; ceci est le suprême refuge. Ayant atteint ce refuge, on est libéré de toute souffrance et de toute affliction.

À la fin du discours, Aggidatta et tous ses disciples atteignirent l’Éveil. Ils entrèrent tous dans l’ordre des bhikkhus. Ce jour-là, lorsque les disciples d’Aggidatta vinrent lui rendre hommage, ils virent leur maître et ses disciples vêtus comme des bhikkhus et ils furent perplexes et se demandèrent :  » Qui est le plus puissant ? Notre maître ou Samana Gotama ? Notre maître doit être plus puissant, car Samana Gotama est venu chez notre maître. » Le Bouddha savait ce qu’ils pensaient ; Aggidatta sentait aussi qu’il devait apaiser leur esprit. Ainsi, il rendit hommage au Bouddha en présence de ses disciples et dit : « Vénérable Seigneur ! Vous êtes mon maître, je ne suis qu’un de vos disciples. » Ainsi, l’assistance en vint à réaliser la suprématie du Bouddha.

Quelques réflexions …..

Nous considérons généralement notre famille, nos amis, notre travail, notre maison et notre pays comme un refuge. Nous nous sentons en sécurité et nous pensons que si quelque chose de négatif, d’effrayant ou de dangereux nous arrive, ce réseau de soutien nous aidera et nous protégera.

Dans une certaine mesure, c’est vrai, mais il s’agit d’une sécurité superficielle, car tous ces facteurs sont impermanents, ils changent constamment. Les vrais dangers viennent de l’intérieur de nous-mêmes et nous n’y pouvons pas grand-chose lorsque nous restons dans notre société, enveloppés dans des activités constantes. Cependant, lorsque nous prenons le temps de méditer, de nous isoler des influences extérieures, nous faisons face à nos propres démons. C’est inconfortable et assez effrayant au début, mais à mesure que nous purifions notre esprit, nous réalisons qu’un esprit purifié est un véritable refuge.

Lorsque nous prenons refuge dans le Bouddha, le Dhamma (les enseignements du Bouddha, dont le fondement est les Quatre Nobles Vérités) et le Sangha (les disciples du Bouddha), nous nous mettons en position d’humilité et demandons qu’on nous enseigne comment nous débarrasser de notre souffrance. Cette démarche est, du moins au début, inconfortable, mais au fur et à mesure que nous progressons, nous nous rendons compte que c’est le seul refuge sûr.