La pleine conscience est la voie qui mène au-delà de la mort. La négligence est la voie qui mène à la mort. Le vigilant ne mourra pas, le négligent est comme s’il était déjà mort.
Conscients de l’importance de la vigilance, les sages se réjouissent dans la présence attentive se délectant dans la présence des êtres éveillés.
Les sages, cultivant constamment la tranquillité et la sagesse et persévérant sans fléchir, atteignent le Nibbana, parfaite libération de toutes les entraves.
L’histoire de Samavati
Alors qu’il résidait au monastère de Ghosita, près de Kosambi, le Bouddha prononça les versets 21, 22 et 23, à propos de Samavati, l’une des principales reines d’Udena, roi de Kosambi.
Samavati avait cinq cents servantes d’honneur qui logeaient avec elle au palais ; elle avait aussi une servante appelée Khujjuttara. La servante devait acheter des fleurs chaque jour pour Samavati chez le fleuriste Sumana. Un jour, Khujjuttara eut l’occasion d’écouter un enseignement donné par le Bouddha dans la maison de Sumana et elle atteignit le premier stade de l’Éveil. Elle répéta le discours du Bouddha à Samavati et aux cinq cents demoiselles d’honneur, et elles atteignirent également ce stade. À partir de ce jour, Khujjuttara n’eut plus à faire de travaux domestiques, mais prit la place de mère et d’enseignante auprès de Samavati. Elle écoutait les discours du Bouddha et les répétait à Samavati et à ses servantes. Au fil du temps, Khujjuttara maîtrisa le Tipitaka*.
Samavati et ses servantes souhaitaient vivement voir le Bouddha et lui rendre hommage, mais elles craignaient que le roi ne soit mécontent d’elles. Alors, elles firent des trous dans les murs de leur palais, et elles rendaient hommage au Bouddha tous les jours lorsqu’il se rendait dans les maisons des trois hommes riches, à savoir Ghosaka, Kukkuta et Pavariya.
À cette époque, le roi Udena avait également une autre reine principale du nom de Magandiya. Elle était la fille de Magandiya, un brahmane. Un jour, le brahmane voyant le Bouddha pensa que celui-ci était la seule personne qui était digne de sa très belle fille. Il s’empressa d’aller chercher sa femme et sa fille et proposa de donner sa fille en mariage au Bouddha. Refusant son offre, le Bouddha dit : « Même après avoir vu Tanha, Arati et Raga, les filles de Mara**, je n’ai ressenti aucun désir en moi pour les plaisirs sensuels ; après tout, qu’est-ce que c’est que cela, qui est plein d’urine et de saleté et que je n’aimerais pas toucher même avec mon pied ? ».
En entendant ces paroles du Bouddha, le brahmane et sa femme atteignirent tous deux le deuxième stade de l’Éveil. Ils confièrent leur fille aux soins de son oncle et rejoignirent eux-mêmes l’Ordre. Finalement, ils atteignirent l’Éveil. Le Bouddha savait dès le départ que le brahmane et sa femme étaient destinés à atteindre le deuxième stade de l’Éveil le jour même, d’où sa réponse au brahmane. Cependant, la fille Magandiya devint très amère et furieuse et elle jura de se venger lorsque l’occasion se présenterait.
Plus tard, son oncle présenta Magandiya au roi Udena et elle devint l’une de ses principales reines. Magandiya apprit l’arrivée du Bouddha à Kosambi et la façon dont Samavati et ses servantes lui rendaient hommage à travers des trous dans les murs de leurs habitations. Elle projeta donc de se venger du Bouddha et de faire du mal à Samavati et à ses servantes qui étaient des dévotes ardentes du Bouddha. Magandiya dit au roi que Samavati et ses servantes avaient fait des trous dans les murs de leurs résidences, qu’elles avaient des contacts à l’extérieur et étaient déloyales envers le roi. Le roi Udena vit les trous dans les murs, mais lorsque les femmes lui expliquèrent pourquoi elles les avaient faits, il ne se mit pas en colère.
Mais Magandiya continuait à essayer de faire croire au roi que Samavati ne lui était pas loyale et qu’elle essayait de le tuer. Un jour, sachant que le roi allait visiter Samavati dans les prochains jours et qu’il emporterait son luth, Magandiya inséra un serpent dans le luth et referma le trou avec un bouquet de fleurs. Magandiya suivit le roi Udena jusqu’aux quartiers de Samavati après avoir essayé de l’arrêter sous prétexte qu’elle avait un pressentiment et se sentait inquiète pour sa sécurité. Chez Samavati, Magandiya retira le bouquet de fleurs du trou du luth. Le serpent sortit en sifflant et s’enroula sur le lit. Quand le roi vit le serpent, il crut les propos de Magandiya. Le roi était furieux. Il ordonna à Samavati de se lever et à toutes ses dames de s’aligner derrière elle. Puis équipé de son arc et d’une flèche trempée dans du poison, il tira la flèche en ciblant Samavati. Mais comme elle et ses dames de compagnie n’avaient aucune mauvaise volonté à son égard et, grâce au pouvoir de leur bienveillance, la flèche dévia. Le roi alors se rendit compte de l’innocence de Samavati et lui donna la permission d’inviter le Bouddha et ses disciples au palais pour lui donner de la nourriture et écouter ses discours.
Magandiya, réalisant qu’aucun de ses plans ne s’était concrétisé, élabora un dernier stratège infaillible. Elle envoya un message à son oncle avec des instructions complètes pour aller chez Samavati et brûler le bâtiment avec toutes les femmes à l’intérieur. Pendant que la maison brûlait, Samavati et ses demoiselles d’honneur, au nombre de cinq cents, continuèrent à méditer. Ainsi, certaines d’entre elles atteignirent le deuxième stade de l’Éveil, et les autres atteignirent le troisième stade de l’Éveil.
Lorsque la nouvelle de l’incendie se répandit, le roi se précipita sur les lieux, mais il était trop tard. Il soupçonnait que l’incendie avait été fait à l’instigation de Magandiya, mais il ne montra pas qu’il avait des soupçons. Au lieu de cela, il dit : « Tant que Samavati était vivante, j’étais craintif et sur le qui-vive, pensant qu’elle pouvait me nuire ; mais maintenant, mon esprit est en paix. Qui a pu faire cela ? Cela ne peut être fait que par quelqu’un qui m’aime beaucoup. » En entendant cela, Magandiya admit rapidement que c’était elle qui avait demandé à son oncle de le faire. Sur ce, le roi fit semblant d’être très content d’elle et dit qu’il allait lui faire une grande faveur et honorer tous ses proches. Les membres de la famille furent donc convoqués et vinrent volontiers. À leur arrivée au palais, tous, y compris Magandiya, furent saisis et brûlés dans la cour du palais, sur ordre du roi.
Lorsque le Bouddha fut informé de ces deux incidents, il dit que ceux qui sont attentifs ne meurent pas, mais que les insouciants sont comme des morts même de leur vivant.
Puis le Bouddha dit :
La pleine conscience est la voie qui mène au-delà de la mort. La négligence est la voie qui mène à la mort. Le vigilant ne mourra pas, le négligent est comme s’il était déjà mort.
Conscients de l’importance de la vigilance, les sages se réjouissent dans la présence attentive se délectant dans la présence des êtres éveillés.
Les sages, cultivant constamment la tranquillité et la sagesse et persévérant sans fléchir, atteignent le Nibbana, parfaite libération de toutes les entraves.
* Tipitaka : le canon sacré du bouddhisme Theravada, écrit en langue pali.
** Mara : le « tentateur », personnification du mal et des influences négatives.
Quelques réflexions …..
» Le vigilant ne mourra pas, le négligent est comme s’il était déjà mort ». Quand nous commençons à méditer, nous réalisons qu’avant, nous étions comme des somnambules, nous réagissions aux situations et aux personnes sans réfléchir, nous étions esclaves de nos sentiments et de nos émotions, et même de notre corps. Cependant, lorsque nous méditons, nous commençons à voir nos habitudes et nos réactions plus clairement, nous commençons également à voir le corps pour ce qu’il est, un processus plutôt qu’une entité.
Nous pouvons également voir nos attachements et nos aversions et nous nous rendons compte de la façon dont nous alimentons ces tendances dans chacune de nos actions et de nos pensées. L’esprit commence à changer lorsque nous réalisons la souffrance que ces tendances nous causent et nous abandonnons ces habitudes et ces attachements. Nous avons alors l’impression qu’un grand poids a été enlevé de nos épaules et que nous ne pourrons plus jamais revenir à notre situation antérieure.
Cependant, pour que cela se développe, nous devons être attentifs tout le temps, attentifs à chaque pensée et sentiment, la méditation n’est pas seulement sur le coussin et n’est pas toujours agréable, son but est de voir la vérité, pas de mettre un pansement sur la souffrance, mais de l’éliminer entièrement.