Conquiers la colère par l’amitié bienveillante, conquiers le mal par la bonté, conquiers l’avare par la générosité, et le menteur par la vérité.
L’histoire d’Uttara la disciple laïque
Alors qu’il résidait au monastère de Veluvana, le Bouddha prononça le verset 223, en référence à Uttara, une femme laïque.
Uttara était la fille d’un ouvrier agricole nommé Punna et de sa femme. Punna travaillait pour un homme riche nommé Sumana, à Rajagaha. Un jour, Punna et sa femme offrirent l’aumône à Vénérable Sariputta peu après sa sortie d’une absorption mentale profonde et soutenue, et à la suite de cette bonne action, Punna trouva de l’or dans le champ qu’il labourait et le roi le déclara officiellement banquier royal. Le couple devint soudainement très riche. Un jour, la famille de Punna offrit l’aumône au Bouddha et au bhikkhus pendant sept jours. Le septième jour, après avoir entendu le discours du Bouddha, les trois membres de la famille atteignirent le premier stade de l’Éveil.
Plus tard, Uttara, la fille de Punna, épousa le fils du riche Sumana. Cette famille étant non- bouddhiste, Uttara ne se sentait pas heureuse dans la maison de son mari. Elle a dit à son père : « Mon père, pourquoi m’as-tu mis dans cette cage ? Ici, je ne vois aucun bhikkhu et je n’ai aucune chance d’offrir quoi que ce soit à un bhikkhu ». Son père eut pitié d’elle et lui envoya quinze mille en espèces. Avec cet argent, Uttara engagea une courtisane pour s’occuper des besoins de son mari. Il fut convenu que Sirima, une courtisane connue et très belle, prendrait la place d’Uttara en tant qu’épouse pendant quinze jours.
Pendant cette période, Uttara offrit l’aumône au Bouddha et aux bhikkus. Le quinzième jour, alors qu’elle était occupée à préparer la nourriture dans la cuisine, son mari la vit par la fenêtre de la chambre et sourit, puis se murmura à lui-même : « Comme elle est bête ! Elle ne sait pas comment s’amuser. Elle se fatigue à préparer de la nourriture ! » Sirima le vit sourire, et oubliant qu’elle n’était qu’une épouse de substitution payée, elle se sentit très jalouse d’Uttara. Incapable de se contrôler, Sirima alla dans la cuisine et prit une louche de beurre bouillant avec l’intention de le verser sur la tête d’Uttara. Uttara la vit arriver, mais elle ne montra aucune hostilité envers Sirima. Elle se dit que parce que Sirima l’avait remplacée, elle avait pu écouter le dhamma, faire des offrandes de nourriture en guise d’aumône pendant quinze jours et accomplir d’autres actes de charité. Elle était donc très reconnaissante envers Sirima. Soudain, elle réalisa que Sirima s’était approchée d’elle et qu’elle allait lui verser du beurre bouillant sur la tête ; elle fit donc cette déclaration : « Si j’ai de la rancune envers Sirima, que ce beurre bouillant me brûle ; si je n’ai pas de rancune envers elle, qu’il ne me brûle pas. »
Comme Uttara n’avait aucune rancune envers Sirima, le beurre bouillant versé sur sa tête était comme de l’eau froide. Sirima pensa alors que le beurre avait dû refroidir et, alors qu’elle allait chercher une autre louche de beurre bouillant, les serviteurs d’Uttara se jetèrent sur elle et la battirent violemment. Uttara arrêta ses serviteurs et leur ordonna de frictionner Sirima avec une pommade médicinale.
Sirima se souvint alors de sa véritable position et elle regretta avoir voulu bruler Uttara, elle demanda son pardon. Uttara lui répondit : » je vais demander à mon père si je dois te pardonner ». Sirima dit alors qu’elle irait volontiers s’excuser auprès de l’homme riche, le père d’Uttara. Uttara expliqua à Sirima : « Sirima, quand j’ai dit ‘mon père’, je ne voulais pas dire mon vrai père, qui m’a amené à cette renaissance. Je faisais référence à mon père, le Bouddha, qui m’a aidé à briser la chaîne des renaissances, qui m’avait enseigné le Dhamma, les Nobles Vérités ». Sirima exprima son souhait de voir le Bouddha. Il fut arrangé que Sirima offrirait l’aumône au Bouddha et aux bhikkhus le jour suivant dans la maison d’Uttara.
Après le repas, le Bouddha fut informé de tout ce qui s’était passé entre Sirima et Uttara. Sirima avoua qu’elle avait voulu blesser Uttara et demanda au Bouddha de lui pardonner, car sinon Uttara ne lui pardonnerait pas. Le Bouddha demanda alors à Uttara comment elle se sentait dans son esprit lorsque Sirima lui versa du beurre bouillant sur la tête, et Uttara répondit : « Vénérable Seigneur, parce que je devais tant à Sirima, j’avais résolu de ne pas perdre mon sang-froid, de ne pas lui porter préjudice. Je lui ai envoyé ma bienveillance ». Le Bouddha dit alors : « Bravo, bravo, Uttara ! En ne supportant aucune rancune, tu as vaincu celle qui t’a fait du mal par haine. En n’abusant pas, vous devriez conquérir celui qui vous abuse ; en étant généreux, vous devriez conquérir celui qui est avare ; en disant la vérité, vous devriez conquérir celui qui dit des mensonges ».
Puis le Bouddha dit :
Conquiers la colère par l’amitié bienveillante, conquiers le mal par la bonté, conquiers l’avare par la générosité, et le menteur par la vérité.
À la fin du discours Sirima atteignit le premier stade de l’Éveil.
Quelques réflexions …..
L’un des fondements du bouddhisme est l’appréciation, la cultivation et la pratique de la bonté. Ce n’est pas seulement une question d’actions ou de mots, mais une question d’état d’esprit. Cela peut changer notre esprit, mais aussi celui des autres autour de nous comme cela a été le cas dans cette histoire où Sirima est passée d’une femme jalouse, méchante et cruelle à une femme humble et pleine de remords qui était désireuse d’écouter le Dhamma.
La colère n’achève rien que la non-colère ne pourrait achever mieux, elle nous blesse physiquement et mentalement et elle n’aboutit qu’au ressentiment et à la vengeance. ‘’Si l’on pratique le principe d’œil pour œil, dent pour dent, le monde entier sera bientôt aveugle et édenté.’’ Mahatma Gandhi. Cependant, la bienveillance ouvre la porte au changement, à la compréhension et au dialogue.
Certaines personnes, non seulement, mentent, mais elles encouragent le mensonge. Cela pousse les gens à protester et à s’y opposer, mais cela s’accompagne souvent de colère. Le pouvoir n’est pas dans la colère, il est dans la vérité.