Dhammapada Verset 221

Abandonnez la colère, abandonnez la vanité, surmontez toutes les entraves. Les maux de la vie (dukkha) ne frappent pas celui qui ne s’accroche ni à son esprit ni à son corps et qui est libre de toute souillure morale.

L’histoire de Rohinikkattiyakanna Vatthu

Alors qu’il résidait au monastère de Nigrodharama, le Bouddha prononça le verset 221, en référence à la princesse Rohini, sœur de Vénérable Anuruddha.

Un jour, Vénérable Anuruddha visita Kapilavatthu. Alors qu’il séjournait au monastère, tous ses proches, à l’exception de sa sœur Rohini, vinrent le voir. Ayant appris d’eux que Rohini n’était pas venue parce qu’elle souffrait de la lèpre, il lui envoya un message pour qu’elle vienne le voir. Rohini, couvrant sa tête de honte, alla au monastère. Vénérable Anuruddha lui dit de faire une action méritoire et lui suggéra de vendre une partie de ses vêtements et de ses bijoux, et avec l’argent récolté, de construire un réfectoire pour les bhikkhus. Rohini accepta de faire ce qu’il lui demandait. Vénérable Anuruddha demanda également à ses autres proches de l’aider à construire le hall. De plus, il dit à Rohini de balayer le sol et de remplir les points d’eau tous les jours, même si la construction était encore en cours. Elle fit ce que le Vénérable lui avait demandé et sa santé commença à s’améliorer.

Lorsque la salle fut terminée, le Bouddha et ses bhikkus furent invités à prendre un repas. Après le repas, le Bouddha demanda à voir le donateur du bâtiment et de la nourriture, mais Rohini n’était pas là. Le Bouddha lui envoya un message pour qu’elle vienne le voir. Lorsqu’elle arriva il lui demanda si elle savait pourquoi elle était atteinte de cette terrible maladie et elle répondit qu’elle ne le savait pas. Le Bouddha lui dit qu’elle était atteinte de la lèpre à cause d’une mauvaise action qu’elle avait commise par dépit et par colère, dans une de ses existences passées.  Puis le Bouddha expliqua que Rohini était, à une époque, la reine principale du roi de Baranasi. Il se trouve que le roi avait une danseuse préférée et que la reine était très jalouse d’elle. La reine voulait punir la danseuse. Ainsi, un jour, elle demanda à ses serviteurs de mettre de la poudre à démanger faite à partir de cosses de foin de vache dans le lit de la danseuse et sur ses couvertures, etc. Ensuite, ils appelèrent la danseuse et, comme pour plaisanter, ils lui jetèrent de la poudre à gratter. La jeune fille se grattait partout et souffrait énormément. Les démangeaisons étant insupportables, elle courut dans sa chambre et se coucha dans son lit, ce qui la fit souffrir encore plus.

À la suite de cette mauvaise action, Rohini était devenue une lépreuse dans cette existence.

Le bouddha exhorta la congrégation de ne pas agir de façon insensée sous l’emprise de la colère et de ne pas concevoir de desseins malveillants envers les autres.

Puis le Bouddha dit :

Abandonnez la colère, abandonnez la vanité, surmontez toutes les entraves. Les maux de la vie (dukkha) ne frappent pas celui qui ne s’accroche ni à son esprit ni à son corps et qui est libre de toute souillure morale.

À la fin du discours, Rohini ainsi que de nombreux membres de la congrégation atteignirent le premier stade de l’Éveil. Sa maladie de peau disparut, et son teint devint clair, lisse et très attrayant.

Quelques réflexions …..

Nous pensons parfois que la colère est justifiée, et même parfois bénéfique. Elle peut parfois pousser les gens à faire de bonnes choses. Mais elle est, la plupart du temps, liée à l’attachement aux choses matérielles, à notre position sociale, à notre réputation, etc. donc source de souffrance. La colère est douloureuse en soi ; notre esprit s’agite, se rétrécit et perd contrôle, nous faisons des choses que nous regrettons plus tard et dont nous avons honte. Elle a un impact durable sur le corps comme l’hypertension, l’affaiblissement du système immunitaire. En outre, la colère devient une habitude si nous réagissons souvent de cette façon ; elle devient la façon par défaut de réagir aux situations et aux autres. Les gens nous évitent à cause de cela et nous réagissons par plus de colère. C’est une spirale descendante.

En revanche, les bonnes pensées guérissent. On peut comparer cela à la pensée positive, mais la pensée positive est souvent liée au désir, à l’avidité et à la vanité. Dans le bouddhisme, l’accent est mis sur les états d’esprit purs plutôt que de penser que le meilleur arrivera si on pense assez positivement. Ces états d’esprit sont liés à la générosité, à l’éthique, à la méditation ; ces vertus génèrent des états d’esprit sains qui peuvent être bénéfiques tant pour l’esprit que pour le corps, dans cette vie et dans les vies futures.