Verset 9 : Celui qui n’est pas exempte d’impureté, et qui manque de retenue et de vérité n’est pas digne de la robe jaune*.
Verset 10 : Celui qui a mis fin à toute impureté, qui est bien établi dans la conduite vertueuse, et qui est doté de retenue et de vérité est digne de la robe jaune*.
* La robe jaune est la robe de moine.
L’histoire de Devadatta
Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana à Savatthi, le Bouddha prononça les versets 9 et 10, en référence à Devadatta.
Les deux principaux disciples, le Vénérable Sariputta et le Vénérable Maha Moggallana, allèrent de Savatthi à Rajagaha. Les habitants de Rajagaha les avaient invités, avec leurs mille disciples, à un repas matinal. À cette occasion, quelqu’un remit un morceau de tissu, de grande valeur, aux organisateurs du repas. Il leur donna l’ordre de le vendre et d’utiliser l’argent pour le repas en cas de manque de fonds ou, s’il y avait assez de fonds, de l’offrir à n’importe quel bhikkhu qu’ils jugeraient bon. Il se trouve que rien ne manquait et que le tissu devait être offert à l’un des vénérables. Comme les deux disciples en chef ne visitaient Rajagaha qu’occasionnellement, le tissu fut offert à Devadatta, qui était un résident permanent de Rajagaha.
Devadatta s’empressa de transformer le tissu en robes et se déplaçait pompeusement en les portant. Un certain bhikkhu de Rajagaha vint à Savatthi pour rendre hommage au Bouddha, et lui parla de Devadatta et des robes, faites d’un tissu d’une grande valeur. Le Bouddha dit que ce n’était pas la première fois que Devadatta portait des robes qu’il ne méritait pas. Le Bouddha, ensuite, raconta l’histoire suivante.
Devadatta était un chasseur d’éléphants dans l’une de ses précédentes existences. À cette époque, dans une certaine forêt, il y avait un grand nombre d’éléphants. Un jour, le chasseur remarqua que ces éléphants s’agenouillaient devant les paccekabuddhas* quand ils les rencontraient. Ayant observé cela, le chasseur vola la partie supérieure d’une robe jaune et en recouvrit son corps et sa main. Puis, tenant une lance, il attendit les éléphants sur leur route habituelle. Les éléphants arrivèrent et le prenant pour un paccekabuddha tombèrent à genoux pour lui rendre hommage. Ils devinrent facilement la proie du chasseur. Ainsi, un par un, il tua le dernier éléphant de la rangée chaque jour pendant plusieurs jours.
Le Bodhisatta (le futur Bouddha) était alors le chef de la troupe d’éléphants. Remarquant le nombre décroissant du groupe, il décida d’enquêter et suivit la troupe en dernier dans la file. Il était en alerte et donc échappa à la lance du chasseur. Il s’empara du chasseur avec sa trompe et s’apprêtait à le jeter au sol, lorsqu’il vit la robe jaune. Voyant la robe jaune, il décida d’épargner la vie du chasseur.
Le chasseur fut réprimandé pour avoir tenté de tuer sous le couvert de la robe jaune et pour avoir commis un tel acte de dépravation.
Puis le Bouddha dit :
Celui qui n’est pas exempte d’impureté, et qui manque de retenue et de vérité n’est pas digne de la robe jaune*.
Celui qui a mis fin à toute impureté, qui est bien établi dans la conduite vertueuse (sila), et qui est doté de retenue et de vérité digne de la robe jaune*.
* Paccekabuddha : un être qui atteint la libération, le nirvana, l’éveil par et pour lui-même. En contraste avec un bouddha parfait, un Paccekabouddha n’enseigne pas.
Quelques réflexions …..
En tant que laïcs, nous cherchons souvent un enseignant, souvent un moine, pour nous aider à donner un sens aux enseignements du Bouddha. Mais comme le bouddhisme a gagné du terrain en Occident, il y a eu quelques difficultés avec certains moines. Le Bouddha, dans l’Anguttara Nikaya, a énoncé les cinq qualités que nous devrions rechercher chez un enseignant du Dhamma : « Les enseignements du Bouddha devraient être enseignés en pensant : « j’expliquerai pas à pas »… « Je parlerai en expliquant la progression »… « Je parlerai par compassion »… « Je ne parlerai pas dans le but d’une récompense matérielle »… « Je parlerai sans dénigrer les autres ».
Ces versets ont également une signification pour nous, laïcs, il nous est facile d’arriver à la méditation vêtus de blanc, de tenir la bonne position pendant des heures mais sommes-nous vraiment en train de méditer, de pratiquer chaque jour, de nous débarrasser de nos souillures mentales ? ou jouons-nous un rôle pour acquérir la réputation d’un méditant mature ? les vêtements que nous portons lorsque nous allons au monastère ou au temple ne font pas de nous de grands méditants, c’est la pratique quotidienne qui libère l’esprit.