Verset 7 : Celui qui garde son esprit concentré sur des objets agréables, avec des sens incontrôlés, immodéré en nourriture, paresseux et manquant d’énergie, sera certainement submergé par Māra*, comme des vents orageux déracinent un arbre frêle.
Verset 8 : Celui qui garde son esprit sur les impuretés (du corps), avec des sens bien contrôlés, modéré en nourriture, plein de foi et d’énergie, ne sera certainement pas submergé par Māra*, tout comme des vents d’une tempête ne peuvent ébranler une montagne de roc.
* Māra : dans ce contexte, les souillures entravant la réalisation de Nibbana.
L’histoire de Vénérable Mahakala
Alors qu’il résidait dans un quartier de la ville de Setabya, le Bouddha prononça les versets 7 et 8, en faisant référence à Mahakala et à son frère Culakala.
Mahakala et Culakala étaient deux frères marchands de la ville de Setabya. Lors d’un voyage, ils eurent l’occasion d’écouter un discours du Bouddha. Après avoir entendu ce discours, Mahakala demanda au Bouddha d’être admis dans l’ordre des bhikkus. Culakala demanda également l’ordination, mais avec l’intention de sortir de l’Ordre et de faire sortir son frère avec lui.
Mahakala était sérieux dans sa pratique ascétique au cimetière (Sosanika dhutinga) et méditait avec diligence sur la décadence et l’impermanence. Il finit par acquérir de la perspicacité et par atteindre l’Éveil.
Un jour, le Bouddha et ses disciples, y compris les frères, se trouvaient dans la forêt de Simsapa, près de Setabya. Pendant leur séjour, les anciennes épouses de Culakala invitèrent le Bouddha et ses disciples chez elles. Culakala lui-même alla de l’avant pour préparer la venue du Bouddha et de ses disciples. Une fois sur place, les anciennes épouses de Culakala le firent se changer en vêtements laïcs.
Le lendemain, les épouses de Mahakala invitèrent le Bouddha et ses disciples chez elles, espérant faire avec Mahakala ce que les épouses de Culakala avaient fait avec Culakala. Après le repas, elles demandèrent au Bouddha de laisser Mahakala rester pour « exprimer leur reconnaissance » (anumodana). Le Bouddha et les autres disciples partirent laissant Mahakala.
Arrivés à la porte du village, les bhikkus exprimèrent leur mécontentement et leur appréhension. Ils étaient mécontents parce que Mahakala avait été autorisé à rester et ils avaient peur que, comme Culakala, son frère, Mahakala, soit lui aussi contraint de quitter l’Ordre par ses anciennes épouses. Le Bouddha répondit que les deux frères n’étaient pas semblables. Culakala se livrait aux plaisirs sensuels et était paresseux et faible ; il était comme un arbre frêle. Mahakala, en revanche, était diligent et inébranlable et fort dans sa foi dans Bouddha, le Dhamma et le Sangha ; il était comme une montagne de roc.
Puis le Bouddha dit :
Celui qui garde son esprit concentré sur des objets agréables, avec des sens incontrôlés, immodéré en nourriture, paresseux et manquant d’énergie, sera certainement submergé par Māra*, comme des vents orageux déracinent un arbre frêle.
Celui qui garde son esprit sur les impuretés (du corps), avec des sens bien contrôlés, modéré en nourriture, plein de foi et d’énergie, ne sera certainement pas submergé par Māra*, tout comme des vents d’une tempête ne peuvent ébranler une montagne de roc.
Pendant ce temps, les anciennes épouses de Mahakala l’entourèrent et essayèrent d’enlever ses robes jaunes. Le Vénérable, sentant leurs intentions, se leva et s’éleva dans les airs par ses pouvoirs surnaturels. Il atterrit aux pieds du Bouddha au moment même où le Maître arrivait à la fin de son récit des deux strophes ci-dessus. Au même moment, tous les bhikkhus présents atteignirent le premier stage de l’Éveil.
Quelques réflexions …..
Aimer les belles choses ou personnes est généralement considéré comme normal, mais il y a des dangers associés à ce comportement. Nous devenons dépendants de ces choses ou de ces personnes, nous perdons notre clarté d’esprit et devenons biaisés, nous cessons de voir la réalité telle qu’elle est réellement. En outre, nous souffrons lorsque nous sommes séparés d’elles, nous devenons avides de ces choses et entrons en compétition et en conflit avec les autres. Nous perdons notre tranquillité d’esprit. La réalité est que toutes ces choses, belles ou laides, sont impermanentes et insatisfaisantes, car elles changent constamment et que nous ne pouvons pas les emporter avec nous lorsque nous mourons.
Lorsque nous voyons la réalité de cette façon, lorsque nous gardons nos sens, nous constatons que tout change constamment et nous pouvons nous adapter à ces changements sans souffrir, car nous perdons notre partialité, nous pouvons rester calmes et paisibles dans toutes situations, nous devenons comme une montagne de roc que les vents d’une tempête ne peuvent ébranler.