Verset 13 : De même que le toit laisse passer la pluie quand la chaume est faible, de même, la passion pénètre un esprit non cultivé dans le développement de la tranquillité et de la sagesse (Samatha et Vipassana).
Verset 14 : De même que la pluie ne peut pas pénétrer le toit d’une maison, de même, la passion ne peut pas pénétrer un esprit bien cultivé dans le développement de la tranquillité et de la sagesse (Samatha et Vipassana).
L’histoire de Thera Nanda
Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana à Savatthi, le Bouddha prononça les versets 13 et 14, en référence à Thera Nanda, un cousin du Bouddha.
Le Bouddha résidait autrefois au monastère de Veluvana à Rajagaha lorsque son père, le roi Suddhodana, lui envoya à plusieurs reprises des messagers pour lui demander de visiter la ville de Kapilavatthu. En conséquence, le Bouddha fit le voyage en compagnie de vingt mille arahats (êtres éveillés). À son arrivée à Kapilavatthu, il raconta le Vessantara Jataka à l’assemblée. Le deuxième jour, il entra dans la ville, où en récitant le verset commençant par « Uttitthe Nappamajjeyya … » (Il faut s’éveiller et ne pas être inattentif …), il fit en sorte que son père atteigne le premier stage de l’Éveil. À son arrivée au palais, le Bouddha récita un autre verset commençant par « Dhammam care sucaritam … » (il faut pratiquer le Dhamma…) et le roi atteignit le deuxième stade de l’Éveil. Après le repas, il raconta le Candakinnari Jataka, en faisant référence aux vertus de la mère de Rahula.
Le troisième jour, il y eut la cérémonie de mariage du prince Nanda, un cousin du Bouddha. Le Bouddha s’y rendit pour mendier sa nourriture et remit son bol à Prince Nanda. Puis, il partit sans reprendre le bol. Le prince, tenant le bol, dut donc suivre le Bouddha. La mariée, la princesse Janapadakalyani, voyant le prince suivre le Bouddha, se précipita et cria au prince de revenir bientôt. Au monastère, le prince fut admis dans l’Ordre en tant que bhikkhu.
Plus tard, le Bouddha s’installa dans le monastère construit par Anathapindika, au parc Jeta de Savatthi. Pendant son séjour, Nanda était mécontent et peu enthousiaste et ne trouvait que peu de plaisir à la vie de bhikkhu. Il voulait retourner à la vie laïque parce qu’il se souvenait sans cesse des paroles de la princesse Janapadakalyani, qui l’implorait de revenir bientôt.
Sachant cela, le Bouddha, par un pouvoir surnaturel, montra à Nanda, les belles femmes dévas du monde Tavatimsa qui étaient bien plus jolies que la princesse Janapadakalyani. Il promit de les obtenir pour Nanda, si ce dernier s’efforçait de pratiquer le Dhamma. Les autres bhikkhus se moquaient de Nanda en disant qu’il était comme un mercenaire qui pratiquait le Dhamma pour les belles femmes, etc. Nanda se sentait très tourmenté et honteux. Alors, solitaire, il s’efforça de pratiquer le Dhamma et finit par atteindre l’Éveil. En tant qu’être éveillé, son esprit était totalement libéré de tout attachement et le Bouddha fut également libéré de la promesse qu’il avait fait à Nanda. Tout cela avait été prévu par le Bouddha dès le début.
Certains bhikkus, sachant que Nanda n’était pas heureux de la vie de bhikkhu, lui demandèrent à nouveau comment il se portait. Lorsqu’il répondit qu’il n’avait plus d’attaches à la vie laïque, ils pensèrent que Nanda ne disait pas la vérité. Ils en informèrent donc le Bouddha, tout en exprimant leurs doutes. Il leur expliqua alors qu’auparavant, la nature de Nanda était comme celle d’une maison mal couverte, dont le toit a des fuites d’eau, mais que maintenant, il était devenu comme une maison avec un bon toit.
Puis le Bouddha dit :
De même que le toit laisse passer la pluie quand la chaume est faible, de même, la passion pénètre un esprit non cultivé dans le développement de la tranquillité et de la sagesse (Samatha et Vipassana).
De même que la pluie ne peut pas pénétrer le toit d’une maison, de même, la passion ne peut pas pénétrer un esprit bien cultivé dans le développement de la tranquillité et de la sagesse (Samatha et Vipassana).
Quelques réflexions …..
Dans notre vie quotidienne, nous sommes comme Nanda, nous pensons que quelque chose est l’objet de notre désir et nous souffrons lorsque nous ne pouvons l’obtenir ou lorsque nous en sommes séparés ; cependant, notre désir saute d’un objet à l’autre très facilement. Lorsque nous voyons cela clairement, nous réalisons qu’aucun objet de désir ne peut nous apporter un bonheur durable, l’excitation d’un nouvel amour, de nouveaux amis, d’une nouvelle carrière, d’une nouvelle maison ou d’une nouvelle voiture s’évanouit rapidement. Un nouveau modèle sort, etc. et nous désirons le nouvel objet avec autant de passion. Cela ne s’arrêtera pas tant que nous n’aurons pas constaté que le bonheur vient de l’intérieur et non d’objets ou de personnes extérieures à nous.
Pour développer cette compréhension, nous avons besoin de moralité, car celle-ci nous aide à nous habituer à observer notre esprit et à restreindre les divagations de l’esprit à des domaines plus sains. Ceci nous aide également à concentrer notre esprit qui, à son tour, nous aide à voir les choses clairement. Cela nous montre comment le désir naît, comment nous l’entretenons, comment il influence nos actions et nos états d’esprit et les conséquences du désir sur notre vie et celle des autres. Lorsque nous voyons cela clairement, nous lâchons prise et nous nous sentons libérés. Plus nous faisons cela, plus nous nous rendons compte que nos besoins réels sont très modestes et nous devenons facilement satisfaits et plus confiants dans notre capacité à vivre heureux en toutes circonstances, « la pluie ne peut pas pénétrer une maison bien couverte avec un toit solide. »