Dhammapada Versets 379-380

O bhikkhu, c’est toi-même qui dois t’exhorter, qui dois te critiquer ; veille sur toi-même attentivement et tu vivras en paix.

Tu es ton propre refuge ; tu es ton propre paradis ; veille donc sur toi-même comme un maquignon veille sur un pur-sang.

L’histoire de Vénérable Nangalakula

Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça les versets 379 et 380, en référence à Vénérable Nangala.

Nangala était un pauvre ouvrier agricole au service d’un fermier. Un jour, un bhikkhu, le voyant labourer un champ dans ses vieux vêtements, lui demanda s’il souhaitait devenir un bhikkhu. Comme il répondit par l’affirmative, le bhikkhu l’emmena au monastère et en fit un bhikkhu. Après l’admission dans l’ordre, selon les instructions de son maître, il laissa sa charrue et ses vieux vêtements dans un arbre non loin du monastère. Parce que le pauvre homme avait laissé sa charrue pour rejoindre l’ordre, il était connu sous le nom de Vénérable Nangala (nangala = charrue). En raison des meilleures conditions de vie au monastère, sa santé s’améliora et il prit du poids rapidement. Cependant, après un certain temps, il se lassa de la vie de bhikkhu et eut souvent envie de retourner à la vie laïque. Chaque fois que cette envie le prenait, il se rendait à l’arbre près duquel il avait laissé sa charrue et ses vieux vêtements. Là, il se faisait des reproches, il disait :  » O toi, homme sans vergogne ! Veux-tu de nouveau revêtir ces vieilles guenilles et retourner à la dure et basse vie d’un ouvrier ? ». Après cela, son insatisfaction de la vie de bhikkhu disparaissait et il retournait au monastère. Ainsi, il se rendait à l’arbre tous les trois ou quatre jours, pour se rappeler la misère de son ancienne vie.

Lorsque certains bhikkhus lui demandaient pourquoi il se rendait fréquemment à l’arbre, il répondait : « Je dois aller voir mon maître. » Avec le temps, il a atteint l’Éveil et il cessa d’aller à l’arbre. Certains bhikkhus, remarquant cela, lui demandèrent sur un ton taquin : « Pourquoi ne vas-tu pas voir ton professeur maintenant ? » Il répondit :  » J’allais voir mon professeur parce que j’avais besoin de lui ; mais maintenant, je n’ai plus besoin d’aller le voir.  » Les bhikkhus comprirent ce qu’il voulait dire par sa réponse et ils allèrent voir le Bouddha et lui rapportèrent :  » Vénérable Seigneur ! Vénérable Nangala prétend avoir atteint l’Éveil. Cela ne peut pas être vrai ; il doit se vanter, il doit mentir ». Le Bouddha leur répondit : « Bhikkhus ! Ne dites pas cela, car Nangala ne dit pas de mensonges. Mon fils Nangala, en se reprochant et en se corrigeant, a en effet atteint l’Éveil. »

Puis le Bouddha dit :

O bhikkhu, c’est toi-même qui dois t’exhorter, qui dois te critiquer ; veille sur toi-même attentivement et tu vivras en paix.

Tu es ton propre refuge ; tu es ton propre paradis ; veille donc sur toi-même comme un maquignon veille sur un pur-sang.

Quelques réflexions …..

Dans ce verset, le Bouddha nous dit une vérité un peu effrayante : nous sommes les seuls responsables de notre destin. Nous pouvons bien sûr demander l’aide d’autres personnes, de maîtres et d’autres disciples, mais en fin de compte, nous sommes le seul gardien et guide que nous puissions avoir. Toutes les conséquences de nos actions mentales, verbales ou physiques, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, seront pour nous. Il n’y a pas de négociation possible avec ce fait. Nous devons donc nous responsabiliser, nous discipliner et devenir complètement autonomes. Le Bouddha nous donne un bon exemple à ce sujet, il a dû se détourner de tous ses maîtres et de toutes les traditions qu’il connaissait pour trouver l’Éveil.