Dhammapada Versets 368 – 376

Verset 368 : Le moine dont le cœur est empli de bienveillance et qui a foi et confiance dans l’enseignement du Bouddha atteindra la paix de l’Éveil – l’Inconditionné, la Félicité.

Verset 369 : Moine, vide l’eau (des mauvaises pensées) de ce bateau (ton corps) ; une fois vide, il naviguera rapidement ; ayant coupé les amarres de la passion et l’aversion, tu réaliseras l’Éveil.

Verset 370 : Coupe les cinq entraves inférieures, abandonne les cinq entraves supérieures, et développe les cinq facultés spirituelles. Le moine qui s’est libéré des cinq liens (passion, aversion, ignorance, orgueil et vue erronée) est appelé « Celui qui a traversé le flot du courant (samsara). »

Verset 371 : Moine, médite, et ne sois pas négligent ; ne laisse pas ton esprit se réjouir des plaisirs sensuels. Ne sois pas insouciant et n’avale pas une boule de fer incandescent ; lorsque tu brûles en enfer, ne t’écris pas : « Ceci, en effet, est très douloureux. »

Verset 372 : Il ne peut y avoir de concentration chez celui qui manque de sagesse ; il ne peut y avoir de sagesse chez celui qui manque de concentration. Celui qui possède la concentration ainsi que la sagesse est proche de l’Éveil.

Verset 373 : Le moine qui médite dans un lieu solitaire, dont l’esprit est tranquille, qui perçoit clairement le Dhamma, connaît une joie qui transcende celle des hommes (ordinaires).

Verset 374 : Chaque fois qu’il comprend clairement l’apparition et la disparition des agrégats, il est empli de joie et de ravissement. Pour le sage, c’est la voie de l’Éveil.

Verset 375 -376 :

Pour un moine sage dans cet Enseignement, voici le début de la pratique menant à l’Éveil : la maîtrise des sens, le contentement et la retenue selon les préceptes.  

Qu’il s’associe à de bons amis, qui sont énergiques et dont les moyens d’existence sont purs ; qu’il soit affable et se conduise avec justesse et bienveillance. Il en retirera une grande joie et mettra fin à la souffrance.

L’histoire d’un grand nombre de bhikkhus

Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça les versets 368 à 376, à propos de neuf cents bhikkhus.

Il y avait une fois une dame très riche dans la ville de Kuraraghara, à environ cent vingt yojanas (1 yojana = 12 km) de Savatthi. Elle avait un fils, Sona, qui était devenu bhikkhu. Un jour, bhikkhu Sona passa par sa ville natale. À son retour du monastère de Jetavana, sa mère le rencontra et organisa une grande assemblée en son honneur. Ayant entendu dire qu’il expliquait le Dhamma très bien, elle lui demanda un enseignement pour elle-même et les autres habitants de la ville. Bhikkhu Sona accéda à sa demande. Un pavillon fut donc construit et une réunion fut organisée pour cette occasion. Il y eut un grand rassemblement au pavillon ; la mère du bhikkhu s’y rendit pour écouter le Dhamma exposé par son fils. Elle emmena tous les membres de sa famille, ne laissant qu’une servante pour s’occuper de la maison.

Pendant l’absence de la dame, des voleurs s’introduisirent dans la maison. Leur chef, cependant, se rendit dans le pavillon où se trouvait la femme riche, s’assit près d’elle et la surveilla. Son intention était de se débarrasser d’elle si elle retournait chez elle en apprenant le vol. La servante voyant les voleurs s’introduire dans la maison alla signaler l’affaire à sa maîtresse, mais celle-ci se contenta de dire :  » Que les voleurs prennent tout mon argent, cela m’est égal ; mais ne venez pas me déranger pendant que j’écoute le Dhamma. » La servante retourna à la maison.

Là, la jeune fille vit les voleurs s’introduire dans la pièce où sa maîtresse gardait toute son argenterie. Elle se rendit de nouveau au pavillon où se trouvait sa maîtresse et lui rapporta que les voleurs emportaient son argenterie, mais elle reçut la même réponse que précédemment. Elle dut donc retourner à la maison. Là, elle vit les voleurs s’introduire dans la pièce où sa maîtresse gardait son or et, de nouveau, elle rapporta l’affaire à sa maîtresse. Cette fois, sa maîtresse cria : « Oh, ma chère ! Laisse les voleurs prendre ce qu’ils veulent ; pourquoi dois-tu venir m’inquiéter encore une fois alors que j’écoute un discours sur le Dhamma ? Pourquoi n’es-tu pas repartie quand je te l’ai demandé ? Ne reviens pas me rapporter des choses sur le vol ou les voleurs. »

Le chef de la bande de voleurs qui était à proximité entendit tout ce que la dame disait et fut extrêmement surpris. Les paroles de la dame le firent réfléchir : « Si nous prenons les biens de cette sage et noble personne, nous serons sûrement punis ; nous pourrions même être frappés par la foudre et nos têtes brisées en plusieurs morceaux. » Il s’alarma et il retourna à la maison de la dame en toute hâte, et il ordonna à ses associés de rendre toutes les choses qu’ils avaient prises. Puis il les emmena au pavillon où se trouvait la femme riche ; elle écoutait attentivement le Dhamma.

Vénérable Sona termina son enseignement sur le Dhamma à l’aube. Le chef des voleurs approcha la riche et noble dame, lui rendit hommage et lui révéla son identité. Il lui raconta également comment lui et ses associés avaient pillé sa maison et aussi qu’ils avaient rendu tous ses biens après avoir entendu ses réponses à sa servante, quand elle qui lui avait rapporté le vol pendant la nuit. Ensuite, le chef et tous les voleurs demandèrent à la dame de leur pardonner pour l’avoir lésée. Puis, ils demandèrent à Vénérable Sona de les admettre dans l’ordre des bhikkhus. Après l’admission, chacun des neuf cents bhikkhus prit un sujet de méditation de Vénérable Sona et se rendit dans la forêt voisine pour pratiquer la méditation dans la solitude.

À une distance de cent vingt yojanas, le Bouddha vit ces bhikkhus et leur apparut dans un rayon de lumière.

Puis, remarquant leurs dispositions individuelles, le Bouddha dit :

Le moine dont le cœur est empli de bienveillance et qui a foi et confiance dans l’enseignement du Bouddha atteindra la paix de l’Éveil – l’Inconditionné, la Félicité.

Moine, vide l’eau (des mauvaises pensées) de ce bateau (ton corps) ; une fois vide, il naviguera rapidement ; ayant coupé les amarres de la passion et l’aversion, tu réaliseras l’Éveil.

Coupe les cinq entraves inférieures, abandonne les cinq entraves supérieures, et développe les cinq facultés spirituelles. Le moine qui s’est libéré des cinq liens (passion, aversion, ignorance, orgueil et vue erronée) est appelé « Celui qui a traversé le flot du courant (samsara). »

Moine, médite, et ne sois pas négligent ; ne laisse pas ton esprit se réjouir des plaisirs sensuels. Ne sois pas insouciant et n’avale pas une boule de fer incandescent ; lorsque tu brûles en enfer, ne t’écris pas : « Ceci, en effet, est très douloureux. »

Il ne peut y avoir de concentration chez celui qui manque de sagesse ; il ne peut y avoir de sagesse chez celui qui manque de concentration. Celui qui possède la concentration ainsi que la sagesse est proche de l’Éveil.

Le moine qui médite dans un lieu solitaire, dont l’esprit est tranquille, qui perçoit clairement le Dhamma, connaît une joie qui transcende celle des hommes (ordinaires).

Chaque fois qu’il comprend clairement l’apparition et la disparition des agrégats, il est empli de joie et de ravissement. Pour le sage, c’est la voie de l’Éveil.

Pour un moine sage dans cet Enseignement, voici le début de la pratique menant à l’Éveil : la maîtrise des sens, le contentement et la retenue selon les préceptes.  

Qu’il s’associe à de bons amis, qui sont énergiques et dont les moyens d’existence sont purs ; qu’il soit affable et se conduise avec justesse et bienveillance. Il en retirera une grande joie et mettra fin à la souffrance.

Quelques réflexions …..

Dans ces versets, le Bouddha met clairement en évidence le fait que nous sommes les seuls responsables de notre malaise et de notre souffrance. Toutes nos souffrances sont directement causées par nous-mêmes, et non par le « destin », par d’autres personnes ou par un quelconque « accident ». La « loterie de la vie » ou la « chance », bonne ou mauvaise, n’existent pas. Notre misère est la conséquence de nos propres actions mentales, verbales et physiques. Il est certain que nous devons éprouver de la sympathie et de la bienveillance pour ceux qui souffrent y compris nous-mêmes, mais la seule chose qui aidera vraiment est qu’ils apprennent à mettre fin à la souffrance. Se contenter d’être réconforté par nous ne servira à rien à long terme, même si parfois, c’est vraiment tout ce que nous pouvons faire. Le Bouddha nous montre la voie pour mettre fin à la souffrance : éthique, bienveillance, apaisement de l’esprit par la méditation, la maîtrise des sens et développement de la sagesse. Mais il ne peut pas le faire à notre place, c’est à nous de faire les efforts nécessaires.