Dhammapada Verset 367

Un véritable bikkhu considère l’esprit et le corps sans aucune pensée de « moi » ou de « mien », et ne s’afflige pas de la désagrégation de l’esprit et du corps.

L’histoire du donneur des premiers fruits de son travail

Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça le verset 367, en référence à un brahmane qui avait l’habitude de faire des offrandes de premiers fruits par charité :  au moment de la récolte, au moment du battage, au moment de la conservation, au moment de la cuisson et au moment de remplir son assiette.

Un jour, le Bouddha vit le brahmane et sa femme dans sa vision et sut que le temps était venu pour le couple d’atteindre le troisième stade de l’Éveil. Il se dirigea vers leur maison et se présenta à la porte pour mendier de la nourriture. Le brahmane qui prenait alors son repas, tourné vers l’intérieur de la maison, ne le vit pas. Sa femme, qui était près de lui, vit le Bouddha, mais elle craignait que si son mari le voyait se tenir à la porte en mendiant, il offrirait tout le riz dans son assiette et elle devrait cuisiner à nouveau. Avec cette pensée à l’esprit, elle se tenait derrière son mari pour qu’il ne voie pas le Bouddha, quand elle fit tranquillement un pas en arrière et arriva lentement à l’endroit où se tenait le Bouddha, et lui murmura : « Vénérable Seigneur ! Nous n’avons pas de nourriture pour vous aujourd’hui ». Mais le Bouddha avait décidé de ne pas quitter la maison ; il se contenta de secouer la tête. En voyant ce geste, la femme du brahmane ne put se contrôler et elle éclata de rire.

À cet instant, le brahmane se retourne et vit le Bouddha. Il comprit aussitôt ce que sa femme avait fait et s’écria :  » Ô toi, misérable épouse ! Tu m’as ruiné. » Puis, prenant son assiette de riz, il s’approcha du Bouddha et lui demanda en s’excusant :  » Vénérable Seigneur ! Veuillez accepter ce riz que j’ai partiellement consommé. » Le Bouddha lui répondit : « O brahmane ! N’importe quel riz me convient, qu’il ne soit pas encore consommé, qu’il soit partiellement consommé, ou même qu’il s’agisse de la dernière cuillerée. » Le brahmane fut très surpris par la réponse du Bouddha ; en même temps, cela le rendit heureux car son offre de riz avait été acceptée par le Bouddha. Le brahmane lui demanda ensuite selon quelle norme un bhikkhu était jugé et comment on pouvait définir un bhikkhu. Le Bouddha savait que le brahmane et sa femme avaient déjà appris quelque chose sur l’esprit et le corps ; il répondit donc : « O brahmane ! Celui qui n’est pas attaché à l’esprit et au corps est appelé un bhikkhu. »

Puis le Bouddha dit :

Un véritable bikkhu considère l’esprit et le corps sans aucune pensée de « moi » ou de « mien », et ne s’afflige pas de la désagrégation de l’esprit et du corps.

À la fin du discours, le brahmane et sa femme atteignirent le troisième stade de l’Éveil.

Quelques réflexions …..

Nous avons tendance à nous identifier à n’importe quoi – corps, naissance, nationalité, situation sociale, associations, famille et même identité religieuse – sans nous en rendre compte consciemment. Cependant, nous nous retrouvons avec une vie apparemment satisfaisante, mais avec un sentiment de vide et d’insatisfaction qui nous ronge mais que nous ne pouvons expliquer. Une explication possible est que nous ne cherchons la valeur, la base et la reconnaissance de notre existence que dans des choses extérieures à nous-mêmes, telles que la propriété, la position sociale, etc. Nous ressentons un vide dans notre vie parce que nous ne vivons toujours qu’en relation avec d’autres personnes et d’autres choses et que nous ne réfléchissons pas à ce qu’est notre « vrai moi ». Il ne s’agit pas de pratiquer le « nombrilisme », mais plutôt faire un effort sincère et durable de recherche par la méditation et la pleine conscience.