Le ver

Il y a une merveilleuse petite histoire à propos de deux moines qui ont vécu ensemble dans un monastère pendant de nombreuses années ; ils étaient de grands amis. Puis ils sont morts à quelques mois d’intervalle. L’un d’entre eux renaquit dans les royaumes célestes, l’autre moine renaquit comme un ver dans un tas de fumier. Celui qui était dans les royaumes célestes passait des moments merveilleux, profitant de tous les plaisirs célestes. Mais un jour, il pensa : « Je me demande où est passé mon vieux compagnon ? » Il scanna tous les royaumes célestes, mais ne trouva aucune trace de son ami. Il scanna donc le royaume des êtres humains, mais ne trouva aucune trace de son ami. Il chercha donc dans le royaume des animaux, puis dans celui des insectes. Finalement, il le trouva, il était maintenant un ver dans un tas de fumier… Ouah ! pensa-t-il : « Je vais aider mon ami. Je vais descendre dans ce tas de fumier et l’emmener au royaume des cieux pour qu’il puisse lui aussi profiter des plaisirs célestes et de la béatitude de vivre dans ces merveilleux royaumes.

Il descendit donc au tas de fumier et appela son compagnon. Et le petit ver se tortilla et dit : « Qui es-tu ? », « Je suis ton ami. Nous étions moines ensemble dans une vie antérieure, et je suis venu pour t’emmener dans les royaumes du ciel où la vie est merveilleuse et bénie. » Mais le ver dit : « Va-t’en, fiche le camp ! » « Mais je suis ton ami, et je vis dans les royaumes célestes », et il lui décrit les royaumes célestes. Mais le ver répondit : « Non merci, je suis très heureux ici, dans mon tas de fumier. Va-t’en, s’il te plaît. » Alors l’être céleste pensa : « Si seulement je pouvais m’emparer de lui et l’emmener aux royaumes célestes, il pourrait voir par lui-même. » Alors il s’empara du ver et commença à le tirer ; et plus il tirait, plus ce ver s’accrochait à son tas de fumier.

Vous comprenez la morale de l’histoire ? Combien d’entre nous sont attachés à leur tas de fumier ?

Du livre: Who Ordered This Truckload of Dung?: Inspiring Stories for Welcoming Life’s Difficulties par Ajahn Brahm