Une histoire de loyauté
Né à nouveau roi des Shibi, le Bodhisattva régnait habilement sur ses sujets, gardant toujours à l’esprit les vertus de compassion, de générosité et de justice.
L’un des principaux habitants de la capitale avait une fille d’une beauté sans pareille. Elle était si ravissante que tous les hommes qui la croisaient tombaient instantanément amoureux d’elle, submergés par un désir si intense qu’ils en devenaient fous. C’est pourquoi elle était surnommée « celle qui rend les hommes fous ».
Le père ne tarda pas à parler de sa fille au roi. Le roi Bodhisattva envoya un groupe de brahmanes experts en signes de bon augure chez les femmes afin de déterminer si elle ferait une épouse convenable. Les brahmanes arrivèrent à la maison où on leur servit le dîner et, instantanément, tout contrôle leur échappa : ils devinrent à leur tour obsédés par la jeune fille. En partant, ils conclurent que cette femme n’était pas appropriée pour le roi, car sa beauté était trop grande pour quelqu’un d’aussi pur que lui, et que cela ne ferait que le submerger de désir. Ils retournèrent au palais et informèrent le roi qu’elle était certes belle, mais qu’elle était marquée de signes de mauvais augure et, naturellement, le roi décida de ne pas la prendre pour épouse.
Quelque temps plus tard, le roi effectuait une tournée dans son royaume. Il aperçut la femme. Il fut frappé par sa beauté et tomba immédiatement amoureux d’elle. Il lui demanda qui elle était. Il apprit alors qu’il s’agissait de la femme qu’il avait refusée et qu’elle était désormais mariée à l’un des hauts fonctionnaires du roi, un homme nommé Abhiparaga.
Abhiparaga remarqua que son roi semblait triste et, lorsqu’il découvrit la source de son chagrin, il offrit immédiatement sa femme au roi. Après un long échange, le bodhisattva réussit à convaincre Abhiparaga de retirer sa proposition. Il affirma qu’il était amoureux, mais qu’il ne pouvait pas commettre un acte aussi malveillant que de séparer un couple. Il expliqua que les personnes vertueuses, même lorsqu’elles sont accablées par la tristesse, ne peuvent jamais s’écarter du chemin de l’action juste.

