Dhammapada Verset 137 – 140

Verset 137 : Celui qui agresse avec violence un innocent sans arme subira bientôt l’une de ces dix conséquences :

Versets 138-140 : 

Il sera sujet à des souffrances aiguës, au désastre, ou même à une grave maladie, ou à un esprit dérangé, ou il sera sujet à l’oppression, ou à des fausses accusations, ou à la perte de ses proches ou à la perte de sa fortune, ou au feu ravageant qui brûlera sa maison. Et à la mort, cet homme sans sagesse renaîtra en enfer (niraya : le monde des souffrances).

L’histoire de Vénérable Maha Moggallana

Alors qu’il résidait au monastère de Jetavana, le Bouddha prononça les versets 137, 138, 139, 140, en référence à Vénérable Maha Moggallana.

Un jour, les ascètes de Nigantha complotèrent de tuer Vénérable Maha Moggallana, pensant que sa mort entraînerait également une baisse de la renommée et de la fortune du  Bouddha. Ils engagèrent des assassins pour le tuer qui  séjournaient alors à Kalasila, près de Rajagaha. Les assassins encerclèrent le monastère, mais  Vénérable Maha Moggallana, grâce à son pouvoir surnaturel, parvint à s’échapper par une serrure, puis par le toit. Ainsi, ils ne purent mettre la main  sur le Vénérable pendant deux mois. Lorsque les assassins encerclèrent de nouveau  le monastère au cours du troisième mois, Vénérable Maha Moggallana, se souvint qu’il  devait encore payer pour les mauvaises actions commises dans une de ses  existences passées. Il n’exerça donc pas son pouvoir surnaturel. Les assassins l’attrapèrent et le rouèrent de coups jusqu’à ce que tous ses os soient complètement brisés. Après cela, ils laissèrent son  corps dans un buisson, convaincus qu’il était mort. Cependant, grâce à son pouvoir  jhanique, le Vénérable se remit sur pied et se rendit auprès du Bouddha, au monastère de Jetavana. Là, il informa le Bouddha  qu’il allait bientôt réaliser le parinibbāna* à Kalasila, près de Rajagaha, le Bouddha lui demanda de  ne partir qu’après avoir enseigné le Dhamma à l’assemblée des bhikkhus. C’était la  dernière occasion pour les moines d’écouter les enseignements de Vénérable Maha Moggallana, qui se retira ensuite en faisant sept profondes révérences au Bouddha.

La nouvelle du décès de Vénérable Maha Moggallana aux mains d’assassins se répandit comme une traînée de poudre. Le souverain Ajatasattu donna l’ordre à ses troupes d’engager des poursuites et d’appréhender les responsables. Les assassins furent appréhendés et brûlés vifs. Les bhikkhus étaient profondément attristés par la mort de Vénérable Maha Moggallana et ne parvenaient pas à comprendre pourquoi un être aussi éminent devait succomber aux mains d’assassins. Le Bouddha leur répondit : « Bhikkhus ! Étant donné que Moggallana avait mené une vie noble dans cette existence, il n’aurait pas dû connaître une fin aussi tragique. Mais dans une de ses existences passées, il avait fait un grand tort à ses propres parents, qui étaient tous deux aveugles. Au départ, il était un fils très obéissant. Après son mariage, sa femme commença à créer des problèmes et elle lui suggéra de se débarrasser de ses parents. Il les emmena en charrette dans une forêt, et là, il les tua en les frappant et en leur faisant croire qu’un voleur les frappait.  

Pour cette mauvaise action, il souffrit longtemps dans le niraya ; et dans cette existence, sa dernière, il est mort de la main d’assassins. En effet, en faisant du mal à ceux qui sont innocents et sans défense, on est sûr de souffrir. »

Puis le Bouddha dit :

Celui qui agresse avec violence un innocent sans défense subira bientôt l’une de ces dix conséquences :

Il sera sujet à des souffrances aiguës, au désastre, ou même à une grave malade, ou à un esprit dérangé, ou il sera sujet à l’oppression, ou à des fausses accusations, ou à la perte de ses proches ou à la perte de sa fortune, ou au feu ravageant qui brûlera sa maison. Et à la mort, cet homme sans sagesse renaîtra en enfer (niraya : le monde des souffrances).

* Parinibbana : la fin de l’existence physique d’une personne qui a atteint l’Éveil et l’entrée dans le Nibbana complet d’un Bouddha ou d’un être éveillé

Quelques réflexions …..

Lorsque nous commettons une action, bonne ou mauvaise, les effets de cette action affectent le monde qui nous entoure. Ils n’affectent pas seulement l’environnement immédiat mais, de manière plus subtile, le monde entier. Si nous blessons quelqu’un, nous changeons l’esprit de cette personne qui est susceptible d’agir différemment de ce qu’elle aurait fait autrement et, de cette manière, l’influence se propage. Les effets de cette action ne se propagent pas seulement dans la distance, mais aussi dans le temps. D’une certaine manière, nous pouvons le voir si nous pensons à l’assassinat de certaines personnes célèbres, comme Martin Luther King, dont la mort a changé l’histoire. Il en va de même pour les gens ordinaires, même si c’est moins visible.

Nos actes déclenchent des chaînes d’événements qui finissent par nous retomber dessus. Notre mort physique n’arrête pas les effets de nos actions. Les conséquences de nos actes peuvent donc nous rattraper dans nos vies futures.